Avions de combat
Le gouvernement a fixé le cadre financier en vue de l'acquisition de nouveaux avions de combat et d'une défense sol-air. Il propose une hausse du budget ordinaire de l'armée et laisse ouverte la question d'un vote

Un cadre financier et un principe. Voilà les décisions prises mercredi par le Conseil fédéral à propos de l’avenir de la défense de l’espace aérien en Suisse. Suite à l’échec du Gripen en 2014, le ministre désormais en charge du dossier, Guy Parmelin, avance prudemment. Il a dû s’y reprendre à deux fois pour convaincre ses collègues. «Les bases sont désormais posées et elles sont solides», a déclaré l’UDC vaudois mercredi à Berne.
Hausse du budget ordinaire de 1,4% par an
Afin de remplacer les 30 avions de combat de type F/A-18 qui arriveront en bout de course en 2030 ainsi que les 53 F-5 Tiger des forces aériennes suisses, le Conseil fédéral est prêt à engager huit milliards de francs. Une enveloppe qui doit permettre, selon un rapport d’experts, d’acquérir environ 30 avions et une DSA couvrant la superficie du territoire suisse.
Lire aussi: Quatre options pour la survie des forces aériennes
Le gouvernement compte augmenter le budget ordinaire de l’armée – 5 milliards par an dont un milliard consacré à des acquisitions – de 1,4% chaque année dès 2021. Cela doit permettre à la Grande muette de financer tant les besoins en matière de défense aérienne que d’autres projets pour les troupes au sol.
Au total, il s’agit ainsi d’investir entre 15 et 16 milliards de francs dans les programmes d’armement entre 2023 et 2032, soit sept milliards de plus que ce qu’offrirait le budget actuel. «Nous avons besoin de ces ressources si nous voulons maintenant une partition globale et équilibrée entre la protection au sol et aérienne», affirme Guy Parmelin. Qui poursuit: «L’armée va devoir fournir des efforts considérables malgré cette hausse. Nous avions estimé nos besoins à 10 milliards de francs supplémentaires. Le Conseil fédéral nous en accorde sept.»
Si la guerre, un jour…
Dans le rapport sur la défense aérienne publiée en mai, le groupe d’experts militaires et le groupe d’accompagnement politique s’accordaient sur la nécessité d’acheter de nouveaux avions de combat. Mais ils parvenaient à des conclusions différentes quant aux missions principales de ces jets: militaires pour les premiers, civiles pour les seconds. Le Conseil fédéral a choisi son camp: «Le gouvernement est conscient des enjeux. Nous pensons ici aux tensions et aux conflits qui se déroulent non loin de chez nous, annonce Guy Parmelin. Le Conseil fédéral ne s’attend pas à ce que notre pays soit attaqué l’année prochain. Mais que nous réserve l’avenir?». Cette vision des menaces ne manque pas de faire réagir la gauche. Le Parti socialiste parle d’un projet «luxueux» pour des «scenarii irréalistes».
Lire également: Alerte à la Défense
La question du vote reste ouverte
Avant de remettre un projet au Parlement, le Conseil fédéral étudiera encore d’ici février prochain la question de la forme, qui déterminera aussi l’opportunité d’un vote populaire: un arrêté de planification offre la possibilité d’un référendum, ce qui n’est pas le cas du message sur l’armée par exemple. Le gouvernement semble plutôt enclin à privilégier l’option d’un vote, mais sur un principe et un budget et non un type d’avions. L’idée a fait son chemin au Parlement. «Je trouve juste que le peuple se prononce. Mais je reste plus partagé sur l’idée d’un vote sur un type d’appareil. C’est beaucoup demander aux citoyens – comme aux parlementaires d’ailleurs – de trancher entre un Rafale ou un Gripen», relève le conseiller national Hugues Hiltpold (PLR/GE). Les Verts veulent au contraire la création d’un fonds spécial, comme avec le Gripen, permettant un vote sur un nombre et un modèle d’avions précis.
ArmaSuisse renforcé
Dans l’attente du projet soumis au législatif, cinq constructeurs d’avions de combat seront approchés l’an prochain, à savoir sans surprise Airbus (Eurofighter), Boeing (F/A-18 dans sa version E/F), Dassault (Rafale), Saab (Gripen) et Lockheed Martin (F-35).
Lire aussi: Sion, capitale du lobbying des avionneurs
A ce stade, Guy Parmelin tente d’évacuer les inquiétudes concernant les compétences d’ArmaSuisse de mener à bien des projets d’évaluation et d’acquisition si lourds: «Nous avons déjà dégagé quelques fonds pour qu’ArmaSuisse ait les forces nécessaires». La livraison des nouveaux avions est prévue dès 2025.