Le Conseil fédéral rejette l’initiative sur la transparence des partis
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Le gouvernement renonce à opposer un contre-projet à l’initiative qui veut obliger les partis à ouvrir leurs comptes

D’un côté, l’officialité. Au deuxième sous-sol du Centre des médias du Palais fédéral, à Berne, dont la sécurité a encore été renforcée, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga déroule, mercredi après-midi, son argumentaire pour justifier le refus de l’initiative. A 100 mètres de là, sur la place Fédérale, le peuple et ses représentants. Les coprésidentes de l’initiative, Liza Mazzone (Les Verts/GE) et Nadine Masshardt (PS/BE), mettent en scène l’opacité du système politique et dénoncent cette Suisse qui est l’un des rares pays d’Europe à ne pas avoir légiféré en matière de financement de l’activité politique. Leur initiative demande aux partis d’ouvrir leurs comptes et de déclarer tous les dons de plus de 10 000 francs qu’ils reçoivent.
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Simonetta Sommaruga mal à l’aise
Cela se voit et cela s’entend. La socialiste Simonetta Sommaruga, cheffe du Département fédéral de justice et police, est mal à l’aise à l’heure d’énumérer les raisons pour lesquelles le Conseil fédéral rejette cette initiative. Tout le monde sait qu’elle partage les buts de l’initiative, ou du moins son esprit. Mais elle a tant perdu de batailles ces dernières années à ce sujet qu’elle semble résignée.
Pour le gouvernement, les règles de la transparence que veut imposer l’initiative sont «difficiles à concilier» avec les particularités du système politique suisse. «La démocratie directe, le principe de collégialité et le système de milice font partie d’un mécanisme complexe bien rodé, caractérisé par des forces politiques qui se contrôlent et font contrepoids», affirme le Conseil fédéral. Pour lequel «il n’est pas établi que les sommes affectées aux élections et aux votations influencent les résultats de façon décisive».
Une démocratie idéale?
Sur la place Fédérale, Lisa Mazzone s’irrite de la décision du Conseil fédéral. «On ne peut pas se prétendre une démocratie idéale sans faire preuve de transparence sur le financement de la politique», rétorque-t-elle.
De toute façon, le dernier mot reviendra au peuple. Et celui-ci a montré qu’il était ouvert aux requêtes de l’initiative. Ainsi, des cantons à majorité clairement bourgeoise comme Schwytz et Fribourg ont récemment accepté des initiatives populaires en faveur d’une plus grande transparence. Ce qui rend Lisa Mazzone optimiste: «Nous avons de bonnes chances de gagner en votation populaire.»