Le Conseil fédéral inclura-t-il les médias dans l’aide qu’il accorde à l’économie, qui subit de plein fouet le choc dû au coronavirus? Pour l’instant, la question reste ouverte. Ce mercredi, le gouvernement n’est pas tombé d’accord sur un paquet d’aide aux médias d’environ 80 millions de francs. A l’évidence, Simonetta Sommaruga, la cheffe du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), n’est pas parvenue à convaincre ses collègues.

«Le Conseil fédéral a tenu une première discussion à ce sujet et prendra prochainement une décision», se contente de déclarer le vice-chancelier de la Confédération, André Simonazzi. Du côté officiel, on n’en saura donc pas plus.

Des pertes publicitaires de 400 millions

C’est le drame des médias en ces temps de pandémie dévastatrice. Ils n’ont jamais eu autant d’audience, mais souffrent comme jamais à l’heure des comptes. Le 27 mars dernier, l’association alémanique des éditeurs, Schweizer Medien, a tiré la sonnette d’alarme. «Une hécatombe menace dans le paysage des journaux si la crise perdure. Il faut aller vite, agir avec créativité et volontarisme politique», insiste Andreas Häuptli, secrétaire de l’association.

Lire aussi: La presse romande survivra-t-elle au virus?

Celle-ci a réalisé une étude à l’échelon national dont les conclusions sont alarmantes. Selon la durée de la crise, les éditeurs pourraient perdre jusqu’à 400 millions de francs d’ici à la fin de l’année 2020. Confrontés au défi de prendre le virage de la révolution numérique, les médias se trouvaient déjà dans une situation financière très préoccupante avant l’irruption du coronavirus. «Elle devient dramatique», selon Thierry Mauron, le président de l’association romande Médias Suisses.

A plusieurs reprises, les éditeurs ont approché l’Office fédéral de la communication (Ofcom) pour chercher des solutions ces dernières semaines. La marge de manœuvre n’est pas énorme dans la mesure où les experts estiment que, même en cette période de droit d’urgence, cette aide doit s’appuyer sur une base solide, ancrée soit dans la Constitution, soit dans une loi.

Pas de subventions à fonds perdus

Responsable politique de l’Ofcom, Simonetta Sommaruga a entendu l’appel au secours des médias. Selon les informations du Temps, elle a ficelé un paquet d’environ 80 millions. La moitié de ce montant, soit quelque 40 millions prélevés sur le budget de la Confédération, irait à la presse écrite et servirait notamment à couvrir l’ensemble de ses frais de distribution postale durant trois mois.

Le DETEC veut aussi soutenir les radios et télévisions régionales en puisant cette fois dans les excédents de la nouvelle redevance radio-TV – désormais plafonnée à 1,2 milliard pour la SSR –, cela pour un montant d’environ 40 millions de francs. Celui-ci reviendrait à toutes les chaînes privées, soit aussi à celles qui disposent d’une concession mais ne touchent pas de subventions. Ce sont elles qui souffrent le plus dans la situation actuelle.

Difficile d’évaluer comment s’est déroulée la discussion au Conseil fédéral. Sur le fond, celui-ci semble acquis à une aide ponctuelle pour surmonter la crise du coronavirus. Mais il ne tient pas à verser de subventions à fonds perdus, qui ne correspondent pas à l’esprit des mesures déjà prises pour aider les entreprises. Le Conseil fédéral devrait reprendre ce débat lors de sa prochaine séance, prévue ce vendredi déjà.