«La Lega met à mal les institutions et la culture politique suisse […]. Un représentant d’un parti qui diffame toute personne ayant une opinion différente, qui se moque de notre Confédération et qui est ouvertement xénophobe n’a rien à faire au gouvernement», estime Christian Levrat. A partir de là, sachant que les Verts, voire le centre, n’allaient pas voter pour le Tessinois, parvenir à recueillir une majorité sur son nom a semblé peine perdue.
Plus de conseiller fédéral depuis 1999
Une élection du candidat controversé aurait pourtant permis au Tessin de retrouver sa place au Conseil fédéral; le canton latin n’y est plus représenté depuis 1999 et le départ du démocrate-chrétien Flavio Cotti. Le Conseil d’État tessinois présidé par Norman Gobbi, comme le parlement cantonal, soutenaient officiellement sa candidature, de même que les partis du centre et de la droite. La gauche tessinoise, elle, a rapidement fait barrage et l’ancien procureur Paolo Bernasconi, pour qui la Lega est une bête noire, avait envoyé une lettre aux parlementaires fédéraux pour les mettre en garde.
Mais sous la Coupole, les parlementaires tessinois ne se sont pas prononcés d’une seule voix sur la candidature de Norman Gobbi: ils ont préféré suivre la ligne de leur parti. Peut-être parce que deux poids lourds politiques de ce canton peuvent rêver à un poste de conseiller fédéral: le conseiller aux Etats PDC Filippo Lombardi et le conseiller national PLR Ignazio Cassis, tous deux présidents de leur groupe parlementaire. Ils donneraient une meilleure image du canton latin.
Reprendre la discussion
Lors des semaines qui ont précédé le 9 décembre, Norman Gobbi, 38 ans, n’a jamais fait figure de favori. Mercredi, il a remporté 50 voix au premier tour de l’élection; 30 suffrages au deuxième tour et 11 lors du troisième et dernier tour.
Mercredi, Norman Gobbi n’a pas voulu rester sur sa défaite. Il a jugé urgent de «reprendre la discussion sur le rapport du Tessin au reste de la Suisse.» Il a aussi estimé qu’il ne sera pas aisé pour son canton d’être représenté au gouvernement fédéral dans un avenir proche dès lors que trois Romands siègent à l’exécutif fédéral.