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Conseil fédéral: le Tessin reste en embuscade

Le légiste Norman Gobbi n’a jamais été favori. Dès mardi soir, son sort était scellé

Le Conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi, non élu mercredi. — © Keystone
Le Conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi, non élu mercredi. — © Keystone

Dès mardi soir, après l’audition des trois candidats de l’UDC devant le groupe socialiste, le sort de Norman Gobbi paraissait scellé. Le président du PS, Christian Levrat a martelé qu’aux yeux des socialistes, le conseiller d’État léguiste n’était pas éligible en raison notamment des «travers racistes» auxquels se livrent la Lega, le journal du parti «Il Mattino della Domenica» et Norman Gobbi lui-même.

Sur Infrarouge, l’émission politique de la RTS, Christian Levrat a brandi une page du journal montrant Norman Gobbi tenant un berger allemand en laisse, devant une image qui rappelle celle d’un camp de concentration – en fait la photo d’une prison –, avec un slogan demandant d’enfermer les «faux réfugiés». Plus récemment, le Tessinois a exigé des frontaliers italiens et demandeurs d’un permis de séjour B de produire un extrait du casier judiciaire pour pouvoir entrer dans le canton; il a aussi suggéré la fermeture de la frontière tessinoise pour stopper l’arrivée de migrants en provenance d’Italie.

«La Lega met à mal les institutions et la culture politique suisse […]. Un représentant d’un parti qui diffame toute personne ayant une opinion différente, qui se moque de notre Confédération et qui est ouvertement xénophobe n’a rien à faire au gouvernement», estime Christian Levrat. A partir de là, sachant que les Verts, voire le centre, n’allaient pas voter pour le Tessinois, parvenir à recueillir une majorité sur son nom a semblé peine perdue.

Plus de conseiller fédéral depuis 1999

Une élection du candidat controversé aurait pourtant permis au Tessin de retrouver sa place au Conseil fédéral; le canton latin n’y est plus représenté depuis 1999 et le départ du démocrate-chrétien Flavio Cotti. Le Conseil d’État tessinois présidé par Norman Gobbi, comme le parlement cantonal, soutenaient officiellement sa candidature, de même que les partis du centre et de la droite. La gauche tessinoise, elle, a rapidement fait barrage et l’ancien procureur Paolo Bernasconi, pour qui la Lega est une bête noire, avait envoyé une lettre aux parlementaires fédéraux pour les mettre en garde.

Mais sous la Coupole, les parlementaires tessinois ne se sont pas prononcés d’une seule voix sur la candidature de Norman Gobbi: ils ont préféré suivre la ligne de leur parti. Peut-être parce que deux poids lourds politiques de ce canton peuvent rêver à un poste de conseiller fédéral: le conseiller aux Etats PDC Filippo Lombardi et le conseiller national PLR Ignazio Cassis, tous deux présidents de leur groupe parlementaire. Ils donneraient une meilleure image du canton latin.

Reprendre la discussion

Lors des semaines qui ont précédé le 9 décembre, Norman Gobbi, 38 ans, n’a jamais fait figure de favori. Mercredi, il a remporté 50 voix au premier tour de l’élection; 30 suffrages au deuxième tour et 11 lors du troisième et dernier tour.

Mercredi, Norman Gobbi n’a pas voulu rester sur sa défaite. Il a jugé urgent de «reprendre la discussion sur le rapport du Tessin au reste de la Suisse.» Il a aussi estimé qu’il ne sera pas aisé pour son canton d’être représenté au gouvernement fédéral dans un avenir proche dès lors que trois Romands siègent à l’exécutif fédéral.