Avec la reprise d’activités scolaires et la réouverture des restaurants, le nombre de contacts potentiels entre individus va repartir à la hausse. Et avec lui le risque de transmission du Covid-19. Mais ce risque peut être contenu grâce à des comportements simples basés sur le respect des distances sociales et l’hygiène des mains en particulier, avance l’épidémiologiste Didier Pittet, qui fournit des conseils pratiques.

Faut-il accompagner son enfant à l’école? Absolument, estime le chef du service prévention et contrôle des infections aux HUG, car il sera peut-être anxieux de revenir en classe après cette longue période de confinement. Sauf si l’enfant affiche des symptômes comme un rhume ou de la toux, auquel cas il reste à la maison et ses parents appellent le médecin traitant.

En pratique, «il faut lâcher l’enfant à l’entrée du préau et le laisser se mélanger avec les autres, car le risque pour le parent est lié aux autres parents, pas aux élèves, détaille Didier Pittet. De nombreuses études ont montré que les enfants transmettent très peu le virus aux adultes.» En conséquence, la politesse reste de mise avec les autres parents et les enseignants, mais pas les effusions: le respect de la distance de 2 mètres s’impose.

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Les enfants risquent-ils d’être contaminés? «Le virus va circuler entre les enfants, ce qui est normal et souhaitable. Il ne fait pas de dégâts chez les jeunes et on a besoin que le virus circule pour arriver à une immunité de groupe, c’est-à-dire lorsque 60 à 70% de la population aura des anticorps, poursuit le spécialiste, inventeur du gel hydroalcoolique. Alors, le virus sera neutralisé et il provoquera essentiellement de petits rhumes, pas des pneumonies, même si des infections graves pourront encore se produire.»

A Genève, le Département de l’instruction publique recommande que les enfants se lavent les mains en arrivant à l’école, avant et après la récréation, avant et après le déjeuner. Et conservent, autant que possible, une distance de 2 mètres avec les adultes.

Quelles précautions dans les transports publics? Les enfants étant de retour à l’école, les parents peuvent reprendre une activité professionnelle. «Mais ceux qui peuvent privilégier le télétravail doivent le faire, insiste l’épidémiologiste de 63 ans. Moins il y aura de personnes dans les transports publics, plus le risque de propagation sera limité et plus les gens qui ne peuvent pas télétravailler pourront se rendre à leur travail. C’est une question de solidarité civique, qui déterminera largement le succès de la reprise des activités.»

Dans les transports, les risques apparaissent lorsque la distanciation sociale est impossible. Elle devrait être possible lorsqu’on attend un bus ou un tram. Une fois à l’intérieur, «on se frictionne les mains et si on ne peut pas rester à au moins 2 mètres des autres passagers, il faut porter un masque. Toujours en se frictionnant les mains avant de le mettre», explique encore Didier Pittet.

Faut-il absolument porter un masque? Dans la situation décrite auparavant, oui, «mais porter systématiquement un masque est inutile, avance notre interlocuteur. Lorsqu’on porte un masque, on porte beaucoup plus ses mains au visage, pour l’ajuster par exemple», ce qui peut favoriser la contamination. En tout cas, toujours se laver les mains après avoir enlevé un masque.

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Faut-il aller au restaurant? En respectant le nombre de personnes admises (quatre par table en principe) et les distances, oui. Et si possible en évitant que tous les convives d’un restaurant prennent le même bus. «On s’assoit, on se frictionne les mains puis on peut manger normalement, y compris une fondue», décrit Didier Pittet, qui a étudié l’immunologie au Centre de contrôle des maladies aux Etats-Unis en 1990.

Malgré l’euphorie d’une première journée post-confinement, la retenue s’impose pour la suite des événements, conclut notre interlocuteur: «Après le repas, il faut éviter de prendre des verres au bar. Et par-dessus tout éviter que le restaurant ne se transforme en bar puis que le bar ne se transforme en boîte de nuit.»