Il avait promis des résultats à l'automne 2002, il a présenté un projet jeudi à Delémont. Un rapport construit en impliquant les jeunes Jurassiens. Toutes les classes du primaire au secondaire II ont été invitées à formuler leurs revendications. Elles réclament, pêle-mêle, plus de lieux de rencontres, à l'école et hors de l'école, des infrastructures sportives, des endroits d'expression artistique, des transports publics plus fréquents et moins chers; les jeunes veulent être plus écoutés et intégrés à la vie publique.
Le ministre a repris ces souhaits, profitant de l'opération pour mettre de l'ordre dans les actions qui existent déjà en faveur de la jeunesse, «qu'il faut mieux coordonner», précise Jean-Marc Veya, chef du Service cantonal de l'action sociale. Atténuant au passage le grief reprochant au Jura de ne rien faire pour sa jeunesse.
Claude Hêche a rédigé une loi sur la jeunesse. Seul le Valais connaît un tel texte. «C'est un acte fort, qui doit associer les jeunes à la vie du canton, pour leur bien-être, et lutter contre leur exode», précise le ministre, réalisant ainsi l'une des mesures du programme «Jura, Pays ouvert». La loi encourage la création d'espaces de dialogue, de centres de rencontres communaux ou régionaux; elle protège aussi les jeunes, insiste sur la prévention et la lutte contre la maltraitance; elle prévoit encore l'engagement d'un délégué cantonal à la jeunesse et la création d'un parlement des jeunes. Problème: la loi ne dit pas comment concrétiser ses bonnes dispositions.
Zones floues
Exemple avec le projet de parlement de la jeunesse. Que le Jura souhaite interjurassien, associant les jeunes du Jura bernois. Mais on ne sait pas comment il sera élu, à quelles tranches d'âge il s'adressera (la loi s'intéresse aux enfants et aux jeunes jusqu'à 25 ans), ni de quelles attributions et de quel budget il disposera. Claude Hêche tente de rassurer, promettant de lui octroyer «des compétences décisionnelles», ainsi qu'une «ligne budgétaire», «l'ambition étant de donner du pouvoir aux jeunes, et pas seulement un lieu de discussion».
Autre illustration du flou qui entoure le dossier: les jeunes ont demandé le droit de vote communal à 16 ans. Là encore, Claude Hêche tergiverse. Il dit être favorable au dessein, mais ne l'a pas intégré à la loi. Promettant de s'y atteler une fois la loi adoptée.
Même si les signaux manquent de clarté, ils satisfont les jeunes. «On s'est sentis écoutés», commente l'un d'eux, Adrien Roy. Chargée de mission, Dominique Martinoli dit avoir rencontré des jeunes «disposés à s'engager et à participer à la gestion des affaires publiques».