Claude Covassi, qui prétend avoir été un informateur du service de renseignement intérieur suisse et affirme avoir été chargé d'infiltrer le Centre islamique de Genève et de compromettre son chef, Hani Ramadan, vient de donner de ses nouvelles. L'hebdomadaire alémanique Facts a publié jeudi une longue interview du Genevois, que l'une de ses journalistes est allée rencontrer au Caire où l'homme séjourne, se disant en danger en Suisse. Les informations qu'il fournit sur son activité pour les services de renseignement sont en contradiction avec certaines de ses déclarations antérieures.
De bien mystérieuses preuves
Claude Covassi n'avait plus refait parler de lui depuis le début du mois de juillet, au moment du rendez-vous manqué entre Claude Covassi et la Délégation des commissions de gestion des Chambres fédérales chargée de la surveillance des services secrets. Cette dernière lui avait fixé une date pour son audition à Berne, mais Claude Covassi a déclaré avoir été averti trop tard pour pouvoir honorer les parlementaires de sa présence. Cela fait maintenant plusieurs mois qu'il affirme détenir des preuves accablantes pour les services suisses, et être prêt à les montrer. Mais personne ne les a encore vues - ou entendues, puisqu'il s'agirait en particulier d'enregistrements de conversations avec un agent du renseignement intérieur.
Dorénavant, Claude Covassi fait remonter son expérience dans les services secrets à 1992. C'est ce qui ressort de ses déclarations à Facts. Il n'avait alors que 22 ans. A l'époque, les renseignements extérieurs voulaient savoir à quels activistes un certain Paolo Fogagnolo donnait de l'argent, explique-t-il dans Facts. Ledit Fogagnolo était un ami de Claude Covassi, ils s'étaient rencontrés à Paris l'année précédente. L'Italien aurait été un ancien membre des Brigades rouges. Ce Fogagnolo finançait la formation de combattants en Bosnie, selon Claude Covassi, et le Suisse s'y serait rendu, toujours pour les services suisses, à Travnik et à Teslic.
Le problème est que, début juillet, Claude Covassi faisait parvenir à plusieurs médias des courriers électroniques dans lesquels il démentait le contenu de mystérieux mails le concernant, envoyés par on ne sait qui à diverses rédactions également. A cette occasion, Claude Covassi écrivait: «Je n'ai jamais été en contact avec des services secrets suisses (ou même étranger) [sic] avant ma collaboration avec le SAP [le service de renseignement intérieur, ndlr.] en 2004.» Il indiquait également ne jamais s'être rendu en Bosnie.