– La Suisse souffre-t-elle d’un effet de surchauffe dû aux super-riches?
– Dans quelques zones, Zurich, l’Arc lémanique, le simple citoyen peut effectivement être concurrencé par ces gens. Cela dit, le marché immobilier des villas de plus de 5 millions et le marché qui vous intéresse, vous et moi, ce n’est pas la même chose. Dans les endroits où vont les riches, les impôts sont de plus en plus bas, mais cela va capillariser dans des prix des maisons de plus en plus élevés. Ailleurs, les impôts seront plus élevés, mais les prix de l’immobilier plus bas. C’est Pully et Renens, dans le canton de Vaud. Mais à Pully, vous pouvez récupérer la différence en revendant votre bien, tandis qu’à Renens, vous ne pouvez pas récupérer vos impôts. Mon sentiment est que ce phénomène ne menace pas encore notre contrat social, mais qu’il vaut la peine de le suivre, de le quantifier.
– L’effet de «ruissellement» («trickle-down»), qui verrait les richesses des grandes fortunes «percoler» jusqu’au plus grand nombre, est-il réel?
– Il faut distinguer deux types de riches. Celui qui a fait fortune à l’étranger et qui s’installe ici est, pour la Suisse, un apport net. En ce qui concerne les hauts revenus qui sont nés ici, plus la richesse se concentre, moins élevé sera le taux de consommation. Si vous voulez augmenter la dépense, il faut prendre aux riches et donner aux pauvres, pour faire simple. Ce débat est très actuel aux Etats-Unis. Mais pour la Suisse, relancer la demande de cette façon n’est pas vraiment un sujet. Son économie est tellement ouverte qu’une stimulation de ce genre aurait peu d’effet à court terme, et potentiellement des effets néfastes à long terme.
– La Confédération veut renchérir le forfait fiscal réservé aux riches étrangers de 40%. Doit-on craindre un exode de contribuables fortunés?
– Je ne le crois pas. Pour les hyper-riches, l’impôt passerait de 2 à 3% de leur revenu mondial, ça ne les fera pas fuir en grand nombre.