Pourtant, que de chemin parcouru depuis le 25 mai 2011, date de la stupéfiante annonce du Conseil fédéral selon laquelle la Suisse doit se donner les moyens de sortir progressivement du nucléaire sans accroître sa dépendance énergétique face à l’étranger! Aujourd’hui, plus personne ne remet publiquement en cause cet objectif. Les mentalités ont changé. Doris Leuthard a réussi à s’attirer la sympathie aussi bien de la branche électrique, ou d’economiesuisse, que des milieux alternatifs favorables à la promotion des énergies renouvelables.
Mais le plus dur reste à faire: concrétiser un catalogue d’intentions dans un marché de l’énergie déstabilisé durant une période peu propice à une augmentation des taxes, même incitatives. La conseillère fédérale sait parfaitement naviguer à vue, donner pour recevoir, et éviter de fâcher ceux qui peuvent faire capoter son projet politique. A force d’arrondir les angles, en retirant par exemple son appui au couplage chaleur-force ou en supprimant la marge bénéficiaire sur le photovoltaïque, le virage énergétique sera moins rapide et moins volontariste que prévu il y a deux ans.
Seule la moitié du chemin pourra être parcourue par les mesures présentées mercredi. L’autre moitié dépendra d’un accord politique autour d’une taxe d’incitation sur l’énergie dont les contours sont encore suffisamment vagues pour n’inquiéter personne. Passer de la force de conviction à l’action qui mènera concrètement, et dans la douleur, à la transition énergétique: tel est le sérieux défi qui attend Doris Leuthard.