Coronavirus: face à la peur de la population, la leçon d’hygiène des autorités suisses
Santé
Berne considère que la situation reste «normale» dans la lutte contre le coronavirus. Tout en admettant que tout peut changer très vite

Entre la population et les autorités, le fossé ne cesse de s’élargir. C’est ce qu’il ressort de la troisième conférence de presse que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a tenu cette semaine à propos du coronavirus. D’une part, une ligne téléphonique d’urgence (058 463 00 00) prise d’assaut, fonctionnant désormais 24h/24: pas moins de 1600 personnes inquiètes la sollicitent chaque jour, contre 270 dimanche dernier. De l’autre, des autorités qui tentent désespérément de rassurer les gens se ruant dans les pharmacies souvent en rupture de stock concernant les masques de protection et le désinfectant pour les mains.
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Le passé «italien» de toutes les victimes
Les autorités doivent se livrer à un exercice qui ressemble à de la corde raide sans balancier. Chaque jour apporte son lot de nouvelles plutôt inquiétantes, mais pas de nature à s’alarmer. La Suisse compte six cas confirmés de coronavirus: au premier cas tessinois sont venus s’ajouter deux cas dans les Grisons, un en Argovie, un à Zurich et un à Genève. Tous les patients ont séjourné ou proviennent de l’Italie voisine, qui déplore déjà 12 morts. «Il n’y a à ce stade pas de signe de propagation du virus dans notre pays», a déclaré Virginie Masserey Spicher, cheffe de la section «Contrôle de l’infection et programme de vaccination» à l’OFSP. Mais cela n’est plus qu’une question de jours. Partout dans le monde, la situation s’aggrave.
Annoncée par le ministre de la Santé Alain Berset lundi dernier, la campagne d’information a démarré dans le Tessin et sera étendue à toute la Suisse ce vendredi. Sur des flyers, affiches et dans des spots télévisés, un appel à se protéger sous la forme d’icônes simples à comprendre. Ce jeudi, la conférence de presse a parfois pris des allures de leçon d’hygiène dans une école maternelle. «Prenez soin de vous laver souvent et soigneusement les mains, entre les doigts et sous les ongles, puis essuyez-les avec du papier avant de fermer le robinet avec ledit papier qu’il faut ensuite jeter»! Tout cela peut paraître un brin infantilisant, mais c’est important: «C’est une question de responsabilité et de solidarité», insiste l’OFSP.
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La Suisse s’est dotée d’un plan de pandémie actualisé pour la dernière fois en 2018. Il comprend une gestion de crise à trois échelons en distinguant une situation normale, puis particulière et enfin extraordinaire. Pour l’instant, tout est encore sous contrôle. «Les quatre personnes atteintes du virus se portent plutôt bien compte tenu des circonstances», a déclaré Daniel Koch, chef de la division des maladies transmissibles à l’OFSP.
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La pénurie de masques
Dans un premier temps, les hôpitaux suisses vont tenter de traiter tous les cas par une mise en quarantaine. Ce n’est que dans l’hypothèse d’une nette aggravation de la situation qu’ils devraient se concentrer sur les cas les plus graves. On n’en est pas là. En ce moment, l’OFSP est davantage confronté à un problème de distribution de masques professionnels pour les médecins qui se livrent à des traitements à risque et de masques de protection destinés aux patients. La Confédération en a en stock et est en train d’approvisionner les cantons, mais certains cabinets médicaux se sont plaints d’en manquer. «C’est un problème, mais tous les pays du monde y sont confrontés, pas seulement la Suisse», a reconnu Daniel Koch.$
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La question qui se pose dorénavant est de savoir si et quand la Suisse devra passer de l’actuelle situation «normale» au stade suivant concernant le coronavirus. Il faudrait pour cela que les infrastructures de santé ne suffisent plus et soient dépassées par la propagation du virus. «Nous en sommes loin aujourd’hui, mais la situation peut évoluer très vite», note Virginie Masserey Spicher.