épidémie
En raison de l’épidémie de coronavirus, le pays se trouve actuellement dans une «situation particulière» qui renforce les pouvoirs du Conseil fédéral. Le degré d’urgence pourrait encore être relevé, toutefois la Suisse n’a pas toutes les cartes en main

Vendredi dernier, le coronavirus faisait plonger la Suisse en «situation particulière»: la «phase 2» prévue par la loi sur les épidémies. Cet état de fait confère certaines compétences cantonales au Conseil fédéral, à qui revient également la possibilité d’édicter des mesures d’urgence – comme l’interdiction de toute manifestation dépassant 1000 personnes.
Historique, la décision prise il y a quelques jours a suscité une certaine panique, sans pour autant empêcher le nombre de contaminations de prendre l’ascenseur. Dès lors, la question se pose: faut-il – mais surtout serait-il judicieux – de franchir un nouveau palier sécuritaire? La loi stipule bien une «phase 3» – la situation «extraordinaire» – mais son contenu demeure nébuleux.
«Interdire les rassemblements de plus de 50 personnes»
«Si une situation extraordinaire l’exige, le Conseil fédéral peut ordonner les mesures nécessaires pour tout ou partie du pays. Cette situation ne peut être définie de façon détaillée dans la loi.» Voilà l’entièreté des informations officielles à disposition sur le sujet. Contacté pour obtenir plus de détails, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’a pas souhaité approfondir davantage, ni préciser quels développements justifieraient une montée en puissance.
Sans pouvoir le citer «car seul l’OFSP est habilité à s’exprimer sur la question», un fonctionnaire proche du centre décisionnel fournit cependant quelques détails: «Isoler une ville n’est pas prévu. Il n’est de plus pas prouvé que cela fonctionne vraiment. Si le blocus n’est pas complètement étanche cela ne sert à rien, comme l’a montré l’Italie. Des restrictions supplémentaires sont toutefois envisageables en termes d’activités ou de mobilité. Comme limiter l’accès aux transports publics ou interdire les rassemblements non plus de 1000 mais de 50 personnes.» Le canton de Nidwald a pris les devants ce mardi en fixant la barre à 200.
Outre la protection de la population, le plus important est de garder en fonctionnement certaines entreprises stratégiques, ajoute le fonctionnaire. «Skyguide, qui s’occupe du contrôle aérien, mais aussi Swissgrid, qui gère l’approvisionnement helvétique en électricité ne peuvent pas s’arrêter de fonctionner.» Certaines variables sont malheureusement hors de tout contrôle: la France pourrait par exemple réquisitionner son personnel hospitalier, ce qui poserait de graves problèmes dans les hôpitaux lémaniques.
Sur le coronavirus et les hôpitaux:
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La mondialisation en cause
Quelles que soient les restrictions mises en place, la Suisse n’est pas complètement maîtresse de son destin. Si «les mesures prises jusqu’ici sont raisonnables et efficaces», juge la conseillère nationale Brigitte Crottaz (PS/VD), médecin de formation, c’est l’organisation actuelle du système mondialisé qui pose des problèmes insolubles. «Presque tous les médicaments sont faits en Chine, déplore-t-elle. Chaque continent devrait au minimum avoir son propre centre.» Sous une coupole silencieuse condamnée au huis clos, la situation actuelle comporte cependant tout de même un avantage, dit-elle: «C’est beaucoup plus calme pour travailler sur ses dossiers.»