Coronavirus: la Suisse mobilise l’armée
Pandémie
Pour venir en aide aux cantons, la plus grande mobilisation militaire depuis la Seconde Guerre mondiale a été décidée ce lundi. Jusqu’à 8000 militaires prêteront bientôt main-forte aux autorités régionales dans tout le pays

La Suisse mobilise l’armée. «Il n’y a plus de temps à perdre pour lutter contre le virus», a annoncé ce lundi la cheffe des forces militaires suisses, Viola Amherd, qui a fait savoir que «jusqu’à 8000 militaires» seraient mis à la disposition des cantons ces prochaines semaines. Une mobilisation sans équivalent depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Lire aussi: Un appel solennel à l’unité nationale
Formation dans le domaine médical
«Cinquante militaires sont déjà mobilisés au Tessin, toutefois plus de 200 hommes sont actuellement demandés par les cantons, révèle le porte-parole de l’armée, Daniel Reist. Le but est que, d’ici trois ou quatre jours, 800 personnes puissent être mises à la disposition des autorités qui en ont besoin.» Les soldats actuellement en train d’accomplir leur école de recrues, leurs cours de répétition et ceux qui effectuent un service long seront mobilisés en priorité, a informé Viola Amherd. Dès lundi, les soldats des quatre bataillons hospitaliers et cinq compagnies sanitaires suisses ont également été mobilisés par SMS. Ils sont attendus mardi après-midi dans plusieurs centres d’instruction du pays pour suivre une formation. «Environ 3000 des 8000 soldats mobilisés le seront dans le domaine médical, explique Daniel Reist. Toutefois seuls 10% d’entre eux travaillent effectivement dans cette branche au civil. D’où leur nécessaire formation par des médecins. Ces derniers devront abandonner leur poste pendant trois jours pour instruire leurs camarades.»
Lire également notre éditorial: Le barrage fédéraliste franchi, l’heure est à l’union sacrée
«Un grand défi à venir»
Une idée qui paraît contre-intuitive alors que les cas de coronavirus montent en flèche depuis quelques jours dans le pays. «Si ces médecins peuvent revenir à leurs postes dans trois jours, le système sanitaire suisse n’aura pas encore atteint ses limites, rassure Daniel Reist. Par contre, si nous attendons plus, il le sera.» Une fois leur formation terminée, ces derniers seront renvoyés chez eux en attente d’être mobilisés. Quand le clairon retentira, ils iront ensuite appuyer le personnel hospitalier dans les domaines des soins, de la surveillance des patients, des transports sanitaires et de la logistique hospitalière – désinfection des lits, cuisine, nettoyage.
En dehors des hôpitaux, l’armée sera par ailleurs déployée dans les cantons qui le demandent pour fournir son appui dans le domaine des transports – notamment pour acheminer des vivres si les canaux civils venaient à faire défaut – et dans le génie, pour monter des «infrastructures improvisées», comme des tentes médicales. Enfin, elle apportera son soutien aux forces de sécurité du pays, au personnel actif dans la protection des ambassades, aux gardes-frontières et aux aéroports. «Ces prochaines semaines vont représenter un grand défi, a reconnu Viola Amherd, mais ensemble nous pouvons le relever. Les infrastructures civiles critiques fonctionnent. Nous nous engageons pour que cela continue.»