ÉDITORIAL. Son offensive ne manquera pas de heurter les nombreux groupements qui refusent de voir des éoliennes s’ériger sur les crêtes ou qui ne veulent rien savoir du rehaussement d’un barrage

Lorsque la loi sur l’énergie a été révisée, dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050, il a été décidé que les installations de production de courant vert pourraient être déclarées d’intérêt national à certaines conditions. Cela concerne en particulier les centrales hydroélectriques d’accumulation et de pompage-turbinage ainsi que les parcs éoliens.
La nouvelle législation est en vigueur depuis 2018. Malgré cela, comme le relève le président de la branche électrique, Michael Wider, la Suisse reste l’un des pays qui connaissent la plus lente progression de ses ressources renouvelables. Or, la réussite de ce virage est absolument nécessaire si l’on veut relever le défi de la sortie du nucléaire dans un contexte de changement climatique.
Bras de fer
Sur le papier, tout paraît simple. La réalité, elle, est plus complexe, surtout dans un pays très attaché, comme l’est la Suisse, au respect des procédures démocratiques. Nombreux sont ceux qui sont d’accord de recourir moins fortement au courant nucléaire, mais personne ne veut voir sortir de terre un grand site de production d’énergie, si verte soit-elle, à côté de chez soi. Parce que le cadre juridique le permet, les recours se multiplient, devant toute une série d’instances.
Constatant que, comme ce fut le cas pour le parc éolien de Sainte-Croix, une procédure peut durer près de vingt ans, Simonetta Sommaruga, qui a la responsabilité de réussir ce tournant énergétique, s’active. Elle s’apprête à se livrer à un bras de fer avec ceux qui utilisent tous les instruments à disposition pour faire barrage à un projet de turbines aériennes ou de nouvelle centrale hydroélectrique.
Notre article sur le sujet: Le rapport avec lequel Simonetta Sommaruga veut secouer les énergies vertes
Propositions chocs
Son offensive ne manquera pas de heurter les nombreux groupements qui refusent de voir des éoliennes s’ériger sur les crêtes ou qui ne veulent rien savoir du rehaussement d’un barrage. Elle heurtera aussi certaines communes, qui se verront privées d’une partie de leurs compétences au profit d’un pilotage plus ferme de la Confédération.
Il faut pourtant des propositions chocs pour que les choses bougent. Dans une société qui veut électrifier le plus possible sa mobilité, il est nécessaire de réaliser des projets de production indigène plus rapidement que cela n’a été le cas jusqu’à maintenant. C’est d’autant plus nécessaire que, en raison de son isolement politique, la Suisse n’est pas à l’abri d’une insuffisance d’approvisionnement.
Simonetta Sommaruga lance le débat. Elle a raison. Mais c’est un coup de poker, car il n’est pas du tout certain que les simplifications proposées obtiennent l’adhésion espérée. Si elle échoue, il faudra peut-être y aller plus franchement et reconnaître à la production d’énergies vertes un intérêt pas uniquement national mais aussi prépondérant.
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