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Crossair: action pénale contre André Dosé et Moritz Suter?

Le rapport d'enquête sur le crash de l'avion Crossair qui, le 24 novembre 2001, a coûté la vie à 24 personnes sera présenté mardi. Le Ministère public se penche sur le rôle des dirigeants de l'époque.

Le crash du Jumbolino Crossair CRX 3597 le 24 novembre 2001 à Bassersdorf (ZH), qui a coûté la vie à 24 personnes, est bien dû à des erreurs de pilotage. Alors que le rapport final d'enquête sera présenté mardi à Zurich, deux journaux dominicaux alémaniques ont fait part de certains résultats dans leur édition d'hier. Le SonntagsBlick met particulièrement l'accent sur le fait que la compagnie aérienne ne sort pas indemne du rapport de 151 pages élaboré par le Bureau d'enquête sur les accidents d'avions (BEAA). Tant André Dosé, actuel patron de Swiss et ancien CEO de Crossair, que Moritz Suter, ancien dirigeant de Crossair, seraient dans le collimateur de la justice, information confirmée dimanche par le Ministère public de la Confédération (MPC): une enquête préliminaire est bien en cours depuis la semaine dernière en vue d'une éventuelle procédure pénale contre les dirigeants de Crossair de l'époque. La décision sur l'adéquation ou non d'une action pénale devrait tomber ces prochains jours. Contactés par le journal alémanique, ni André Dosé, ni Moritz Suter n'ont donné l'impression de savoir que le rapport d'enquête final avait été transmis au MPC.

Retour sur le crash. Lors de l'approche de l'aéroport de Zurich, le commandant de bord, épuisé pour avoir notamment donné des cours de pilotage privés le jour même de l'accident et la veille, n'a pas respecté l'altitude minimale de vol. Ceci malgré les signaux d'alarme automatique qui s'étaient déclenchés et alors qu'il ne disposait pas d'un contact visuel avec la piste 28. C'est ce que confirme le rapport du BEAA. Le pilote, âgé de 57 ans, a eu un comportement fautif, que le jeune copilote de 25 ans n'aurait pas cherché à corriger. Ce même pilote avait d'ailleurs fait les gros titres de la presse, en mars 1999, pour s'être retrouvé un jour à Aoste alors qu'il avait prévu d'atterrir à Sion.

D'autres acteurs mis en cause

De plus, rappelle la SonntagsZeitung, il devait interrompre sa formation pour pilote de MD-80, car il n'avait pas été suffisamment à la hauteur lors d'une simulation de vol. Le rapport soulève également que la répartition des tâches entre les membres de l'équipage lors de la phase d'approche n'était pas adéquate et ne correspondait pas à la procédure prévue par Crossair. Les dirigeants de Crossair de l'époque auraient ainsi dû évaluer ces faiblesses et y remédier, estiment les enquêteurs.

Si le BEAA ne mentionne que les erreurs de pilotage comme causes directes de l'accident mortel, d'autres facteurs y ont contribué. A commencer par le fait que la colline boisée près de Bassersdorf, contre laquelle est venu s'écraser l'avion quelques kilomètres avant la piste, ne figurait pas sur la carte utilisée par l'équipage. L'aéroport est également en cause puisqu'il n'y avait pas de système d'alarme sur la piste 28. L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) a d'ailleurs, peu de temps après le crash, demandé la fermeture de la piste 28 et nettement élevé les exigences de visibilité pour les approches par l'est de l'aéroport de Kloten. L'office avait été vivement critiqué puisque, malgré le mauvais temps, l'appareil de Crossair avait été dirigé sur cette piste car l'accord aérien avec l'Allemagne interdisait les vols d'approche par le nord. Enfin, Skyguide, la société suisse de contrôle aérien, est aussi montrée du doigt par les enquêteurs: au moment du drame, seuls deux pilotes étaient présents dans la tour de contrôle, alors que le règlement stipule qu'ils auraient dû être quatre.

Le délai de publication du rapport d'enquête a été avancé par le Conseil fédéral suite à une question de l'ex-conseiller national Jacques Neyrinck (PDC/VD).