Comment Cudrefin a troqué le papet contre la taillaule
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90% des nouveaux arrivants dans la commune vaudoise proviennent du canton de Neuchâtel
A Cudrefin, l’accent vaudois perd du terrain. Le village situé sur la rive sud du Lac de Neuchâtel est devenu l’eldorado des Neuchâtelois attirés par la disponibilité de terrains à construire bon marché et par une fiscalité attrayante. «Ces deux dernières années, ils représentent 90% des nouveaux arrivants, détaille Claude Roulin, syndic de la commune. Cela s’est fait grâce au bouche-à-oreille. Les premiers arrivants en ont parlé à leurs amis, qui ont fait de même…» Cet afflux a entraîné une hausse substantielle de la population. Après avoir accueilli son 1000e habitant en décembre 2006, Cudrefin vient tout juste de passer la barre des 1200. La quasi-totalité des nouveaux venus s’est installée dans des quartiers de villas qui ne cessent de sortir de terre. «Nous ne sommes pas la seule commune dans ce cas, note Claude Roulin. Tout l’ancien district d’Avenches connaît une forte poussée de la construction. Nous avons la chance de nous situer au bord du lac. C’est un vrai plus.»
Les nouveaux Cudrefinois ont un seul regret: ne pas avoir fait le pas plus vite. Cela ne les empêche pas d’être mal à l’aise au moment de raconter les motivations de leur choix. Le Temps a contacté trois «migrants» neuchâtelois: tous ont demandé à ne pas apparaître nommément. «Je ne veux pas donner l’impression de cracher dans la soupe, je reste attaché au canton de Neuchâtel», confie un entrepreneur du Val-de-Ruz, qui va délocaliser son entreprise et sa famille à Cudrefin au début de l’an prochain.
«A Neuchâtel, on est tondu»
La fiscalité a joué un rôle clé dans sa décision. Et pour cause: Cudrefin pointe au 7e rang du hit-parade des communes vaudoises les plus attractives en la matière. «J’ai fait faire des projections par ma fiduciaire. Je payerai 34% d’impôts en moins pour ma famille et mon entreprise. C’est ahurissant. La différence est particulièrement grande pour les personnes physiques. A Neuchâtel, on est tondu. Si cela continue comme ça, le canton va se vider.»
Le chef d’entreprise souligne deux autres avantages «très importants» à ses yeux: le système scolaire, «plus performant dans le canton de Vaud qu’à Neuchâtel, comme le montrent les études Pisa»; le climat, ensuite, «beaucoup plus agréable» qu’au Val-de-Ruz. «Il y a entre 5 et 8 degrés de différence. Il n’y a pratiquement jamais de neige. Avec le lac, cela va nous changer.»
Installée à Cudrefin depuis un peu plus d’une année, une ancienne habitante de Neuchâtel assure qu’elle est déjà parfaitement intégrée. «Avec tous les Neuchâtelois qui se sont installés ici, on se sent comme dans le canton, mais sans les désagréments. Personnellement, j’ai réduit ma facture fiscale presque de moitié. Je paie aussi moins cher mes primes d’assurance maladie et la taxe pour les plaques de ma voiture. Tout cela sans couper avec Neuchâtel et le lac. C’est important pour moi. Je suis à quinze minutes de voiture de mon lieu de travail. C’est très agréable.»
La fiscalité n’est pas toujours le moteur principal de ces implantations. «C’est un plus, c’est sûr, mais ce n’est pas ce qui nous a motivés à partir, explique le cadre d’une société internationale, installé à Cudrefin depuis deux ans. Nous cherchions depuis cinq ans une parcelle sur le Littoral, sans succès. On a entendu parler de Cudrefin et de terrains à 180 francs le m2. Nous avons pris notre décision très rapidement.»
La rive sud du lac n’est pas la seule région à séduire les exilés neuchâtelois. La rive nord du lac de Neuchâtel, entre Onnens et Yverdon, et le Seeland bernois sont également très prisés. Ces régions disposent également de nombreux terrains à prix modéré et bénéficient d’une relative proximité avec les grands bassins d’emploi de Berne et Lausanne.