Le dalaï-lama est de retour en Suisse. Mais il doit une nouvelle fois renoncer à l’idée de rencontrer un représentant du gouvernement. Alors qu’il a par le passé eu l’occasion de rencontrer René Felber, Flavio Cotti, Ruth Dreifuss et Pascal Couchepin, aucun membre du Conseil fédéral n’a voulu l’accueillir cette fois. C’était déjà le cas l’an dernier. «Pour des questions d’agenda», dit-on à Berne. Mais personne n’est dupe: sa venue provoque à chaque fois un véritable casse-tête pour les autorités. En raison de son statut et des pressions chinoises.

Un problème d’agenda? L’explication donnée par Micheline Calmy-Rey à l’heure des questions lors de la dernière session parlementaire a fait bondir Mario Fehr (PS/ZH) et Fabio Pedrina (PS/TI). Tous deux ont insisté sur le fait que sa venue était connue de longue date. «Il serait plus honnête de reconnaître que le Conseil fédéral plie face aux pressions de la Chine!», a protesté Mario Fehr. Des associations tibétaines ont également fait part de leur mauvaise humeur.

Le chef religieux des Tibétains, lui, ne semble pas trop s’en soucier. Il est arrivé à Zurich mercredi après-midi. Il donnera une conférence du 9 au 11 avril au Centre des congrès de Zurich, puis au Hallenstadion, consacrée notamment à la question de la place de l’altruisme et de l’empathie dans les systèmes économiques productifs. Ce matin, il a, pour la treizième fois, rendu visite aux moines de l’Institut tibétain de Rikon (ZH). Il prendra ensuite part à la cérémonie «Merci Schwiiz» lancée par des organisations tibétaines. Elles souhaitent remercier la Suisse d’avoir accueilli des réfugiés tibétains il y a 50 ans.

Et les autorités politiques? Malgré son programme chargé, le dalaï-lama a trouvé de la place dans son agenda pour rencontrer des représentants du groupe parlementaire Suisse-Tibet. De même que Pascale Bruderer (PS/AG), la jeune présidente du Conseil national, qu’il a vu ce matin. Mais cette dernière refuse d’accorder des interviews sous prétexte que sa rencontre avec le leader religieux n’a rien d’«officiel».

Elle s’est contentée de déclarer à l’ATS que la discussion «a été très intéressante et impressionante». Et que le chef spirituel n’a jamais considéré l’attitude solidaire de la Suisse envers les premiers réfugiés tibétains il y a 50 ans comme allant de soi. Le dalaï-lama l’a donc remerciée pour cet accueil. Pascale Bruderer a, elle, souligné la bonne intégration de la communauté tibétaine en Suisse, composée d’environ 4000 personnes.

Le dalaï-lama a également rencontré Regine Aeppli, la présidente du gouvernement zurichois, et Corine Mauch, la nouvelle maire de la ville.