«Une idée qui m’échappe un peu»
Daniel Gorostidi est président et directeur d’Elca, société informatique basée à Lausanne qui emploie 650 personnes au total, avec des antennes en France et en Espagne, et qui élabore, entre autres, des outils pour les CFF ou les banques privées.
Le Temps: Constatez-vous une situation de pénurie?
Daniel Gorostidi: On entend cette idée, mais elle m’échappe un peu. Bien sûr, si je ne devais recruter que des Suisses, j’aurais beaucoup de peine. Mais nous avons bonne réputation et avons développé dès 1999 des filières de recrutement avec l’EPFL, l’EPFZ, la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, ainsi qu’avec des écoles en Allemagne, en France, en Italie ou en Espagne.
– D’où viennent les difficultés dans votre secteur?
– Disons surtout qu’en informatique, avec les possibilités offertes aujourd’hui par la technologie, la période devient fantastique, il y a des mondes à explorer. Mais comme employeur, si vous posez trop de contraintes dans la définition d’un profil, avec des compétences extrêmement précises, entre trois et huit ans d’expérience, plus encore d’autres demandes, vous aurez de la peine à trouver. Dans ce milieu, certains employeurs expriment des attentes de plus en plus exacerbées, ce qui peut nourrir ce sentiment de pénurie.
– Le bassin helvétique ne suffit-il donc pas?
– On ne forme pas assez de gens. Même à l’EPFL, on ne trouve pas suffisamment de Suisses! Mais par rapport aux jeunes, on a aussi exprimé des messages dissuasifs ces dernières années, par exemple en laissant entendre que tout allait se faire en Inde… J’ai un centre offshore au Vietnam, j’y suis contraint en raison de la concurrence sur les prix. Mais quand j’ouvre un poste au Vietnam, j’en crée deux ici. Et, si possible, je privilégie l’engagement suisse. Car je vis et j’ai des enfants ici…