Sécurité
Après le refus du Gripen et la suspension du programme de défense sol-air, Guy Parmelin prend un nouveau départ. Il fixe les caractéristiques de base et définit les critères des futurs appels d’offres pour un nouvel avion et le système au sol

Les contours de la défense aérienne du futur commencent à prendre forme. Le ministre de la Défense Guy Parmelin vient de fixer les exigences et les desiderata de l’armée pour l’acquisition d’un nouvel avion de combat et d’un système de défense sol-air (DSA, Bodluv selon l’acronyme allemand). Ces informations seront importantes pour les fournisseurs qui participeront aux appels d’offres, lancés dès juin. L’idée générale consiste à combiner les aptitudes du modèle de jet appelé à remplacer à la fois les F-5 Tiger (26 sont encore régulièrement engagés) et les F/A-18 (30) avec celles de l’équipement au sol. «Plus la défense sol-air sera puissante, plus petit sera le nombre d’avions nécessaires, et inversement», écrit le Département de la défense (DDPS) dans un communiqué. Le Conseil fédéral a décidé d’accorder une enveloppe globale de 8 milliards de francs à cette fin.
Certains critères sont impératifs. Ainsi, l’appareil retenu devra assurer le service de police aérienne 24 heures sur 24, être capable d’intervenir «dans un délai de quelques minutes dans l’ensemble de l’espace aérien suisse» en cas de violation de celui-ci et permettre de «maintenir une présence permanente dans les airs d’au moins quatre avions pendant au moins quatre semaines lors de tensions accrues». Cette dernière exigence laisse penser que c’est le scénario de 40 avions qui aurait les faveurs de la cote. «Le dimensionnement de la flotte dépendra toutefois du type d’appareil. Certains peuvent rester plus longtemps en l’air que d’autres. Par ailleurs, nous recherchons la meilleure combinaison entre l’avion et le système de DSA», relativise le divisionnaire Claude Meier, chef de l’état-major de l’armée.
Cinq avions et trois systèmes de DSA
Sans surprise, les avionneurs appelés à participer à l’évaluation sont Airbus (pour l’Eurofighter allemand), Dassault (pour le Rafale français), Saab (pour le Gripen E suédois), Boeing (pour le F/A-18 Super Hornet américain) et Lockheed-Martin (pour le F-35A, également américain). «L’objectif est de n’avoir à l’avenir qu’une seule flotte», précise Christian Catrina, délégué de Guy Parmelin au programme global de renouvellement de la défense aérienne Air2030. Les F/A-18 seront progressivement mis hors service au fur et à mesure que les nouveaux appareils seront livrés, alors que les F-5 Tiger seront retirés du service avant le début de la livraison de leur successeur. Mais tout cela prendra du temps. Les évaluations seront longues et l’arrêté de planification du renouvellement de la défense aérienne sera soumis au référendum facultatif. Le très probable vote populaire n’aura pas lieu avant 2020.
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Quant au système de DSA, il devra couvrir une surface d’au moins 15 000 kilomètres carrés. Il devra disposer d’une grande portée, ce qui exige une altitude d’engagement de 12 000 mètres et une envergure terrestre de 50 kilomètres. La liste des fabricants invités à participer au futur appel d’offres comprend le français Eurosam (pour le système SAMP/T9), l’israélien Rafael (pour le modèle David’s Sling) et l’américain Raytheon (pour le Patriot).
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Sortir de l’impasse
Cette approche globale a pour but de sortir de l’impasse dans laquelle l’armée se trouve depuis le rejet populaire du Gripen en 2014 et le gel du programme DSA/Bodluv par Guy Parmelin dès son arrivée à la tête du DDPS en 2016.
Le DDPS exigera des constructeurs des affaires compensatoires industrielles de 100%, à répartir entre la Suisse alémanique (65%), la Suisse romande (30%) et la Suisse italienne (5%). Ce partage répond aux attentes du Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité (GRPM), qui demande justement une attribution de 30% aux entreprises romandes.