Une légère ironie
Et avec cette légère ironie qu’elle a toujours su afficher elle a choisi de privilégier le plaisir personnel dans l’accomplissement de sa tâche. «Il faut arrêter quand cela procure encore du plaisir», a-t-elle affirmé en détaillant comment au cours de l’été déjà elle avait longuement discuté avec sa famille, son mari, ses deux filles et son fils, mais aussi avec son entourage proche au Département des finances. Assurant même que les résultats des élections fédérales, qui ont vu son parti reculer face à la forte progression de l’UDC, n’avaient eu aucune influence déterminante dans son choix.
«Dix-sept ans dans un exécutif, soit 9 ans au Conseil d’Etat des Grisons puis 8 au Conseil fédéral, cela suffit. Il y a des choses que j’avais mises de côté et que j’ai envie de faire». Il y a bien sûr sa famille, ses quatre petits-enfants qu’elle veut voir grandir. Mais elle ne dira rien de plus sur les secteurs d’activité où elle a envie de s’investir. «Domaine privé», dit-elle. Tout en assurant que dès le 1er janvier on n’entendra plus de sa part de commentaire ou d’analyse politique. La page publique est tournée.
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Les dirigeants de son parti, le PBD, étaient au courant dès le lundi soir et les présidents des autres formations du centre auraient été avertis dans les jours qui ont suivi, a admis la ministre des Finances du bout des lèvres.
Durant son intervention face aux caméras et aux journalistes, la conseillère fédérale aura tenté d’éviter au maximum les prises de positions politique, comme si, ses devoirs livrés au parlement, elle pouvait sereinement tourner la page. C’est au parlement de décider si l’UDC a droit à un deuxième siège. En quittant le gouvernement, ce qui l’a frappée le plus ces dernières années, c’est l’augmentation de l’agressivité et le changement de ton dans la politique fédérale ou la vitesse de la communication. Même si, admet-elle, on peut encore parfois trouver des compromis.
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Tout en avouant des erreurs, comme l’affaire de l’arrestation du cinéaste Polanski en septembre 2009, alors qu’elle était ministre de la Justice, la conseillère fédérale estime n’avoir pas si mal que cela accompli son travail. C’est surtout ses collaborateurs proches au DFJP puis aux Finances qu’elle a tenu à remercier pour un bilan plutôt positif. Le règlement des différends bancaires avec les Etats-Unis, l’adoption des normes internationales en matière d’échanges d’informations, les mesures d’économies budgétaires, etc.
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«Nouveau départ» pour le PBD
Quant à son parti, le PBD, créée pourtant autour d’elle après son élection à la place de Christoph Blocher et le clash avec l’ UDC, elle assure que son retrait lui sera profitable. Ce sera un nouveau départ. Il pourra développer ses propres projets sans l’ombre de sa conseillère fédérale». Comme si elle voulait ignorer la perte enregistrée dans son propre canton, les Grisons, et le recul général de sa formation.
«Plein de fierté, de respect et de reconnaissance», le PBD assurait mercredi soir s’être depuis longtemps préparé à cette nouvelle ère. De son côté, le PLR, qui s’est empressé de défendre le droit de l’UDC à deux sièges, il ne s’est fendu que d’une seule phrase de remerciements à l’adresse de la ministre qu’il ne souhaitait pas réélire.
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