La décision était devenue inéluctable: le Conseil fédéral renvoie la votation du 17 mai à des jours meilleurs. On ne votera pas ce jour-là sur l’initiative de limitation de la libre circulation des personnes lancée par l’UDC, ni sur la révision de la loi sur la chasse ni sur les déductions fiscales pour la garde des enfants. Le gouvernement décidera d’ici à la fin du mois de mai s’il inscrit ces trois objets à l’agenda du prochain scrutin fédéral, le 27 septembre.

Ce report a reçu un bref commentaire de la Commission européenne. Elle le juge sans «conséquence pour nous, étant donné que de notre côté nous n’avons jamais lié accord cadre et votation». Il compliquera aussi l’agenda des deux dates de votations encore disponibles cette année. Le comité qui a lancé le référendum contre l’acquisition des nouveaux avions de combat a déjà réuni les 50 000 signatures nécessaires. Une autre procédure référendaire est en cours: elle cible l’accord de libre-échange avec l’Indonésie, plus spécifiquement l’huile de palme. Elle est devenue difficile, car plus personne ne descend dans la rue pour aborder les passants et solliciter leur soutien.

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Impossible de récolter des signatures

A ce sujet, le Conseil fédéral a décidé mercredi de suspendre les délais de récolte de signatures. Il publiera une ordonnance à ce sujet. Elle concernera aussi l’initiative populaire «Entreprises responsables», qui ne pourra plus être traitée par le parlement dans les délais légaux. D’autres initiatives arriveront au bout de leur processus parlementaire en juin, en particulier celle sur l’interdiction de se voiler le visage. Et un référendum sera lancé contre la loi sur le CO2. Certains votes seront reportés à mars 2021.

Tous les partis, y compris l’UDC, ainsi que les organisations économiques saluent le report du scrutin du 17 mai. Le PS le «comprend» mais le «regrette». «Les gens ont davantage de temps pour s’intéresser aux sujets de votation. Comme la distribution de tracts sur les marchés n’est pas possible, une campagne utilisant davantage internet était envisageable», estimait le chef du groupe parlementaire socialiste, Roger Nordmann. Il n’en sera rien.

Elections neuchâteloises reportées

Dans les cantons également, la démocratie se met à l’arrêt. Ce mercredi après-midi, Neuchâtel a annoncé le report des élections communales prévues le dimanche 14 juin. «Organiser un scrutin, réunir des personnes pour un dépouillement est contraire aux injonctions de sécurité sanitaire que nous, autorités, avons données», relève le conseiller d’Etat Alain Ribaux. Le gouvernement a aussi constaté une impossibilité de faire campagne pour les différentes formations politiques.

Mardi, l’ensemble des partis représentés au Grand Conseil neuchâtelois avaient officiellement demandé un report des élections. «Le dépôt des listes est fixé au 20 avril, impossible d’organiser les assemblées générales nécessaires pour avaliser le choix des candidats», donne, entre autres exemples, le président des Verts neuchâtelois, Patrick Herrmann, qui a pris l’initiative de la requête. Concrètement, la législature sera prolongée jusqu’à la fin de l’année. La date des nouvelles élections sera fixée prochainement, après consultation entre le canton et les communes, probablement autour de la fin du mois d’octobre.

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A Fribourg aussi

Le vote consultatif sur le projet de fusion du Grand Fribourg, agendé au dimanche des votations fédérales du 17 mai, a aussi été annulé. Le scrutin concerne neuf communes (Avry, Belfaux, Corminboeuf, Fribourg, Givisiez, Granges-Paccot, Marly, Matran et Villars-sur-Glâne). Pour le comité de pilotage de l’Assemblée constitutive du Grand Fribourg, en charge de son organisation, les conditions ne sont plus rassemblées pour la tenue d’un tel vote, crucial pour la région.

Toutes les séances d’information à la population ont ainsi dû être supprimées. «Celles-ci sont nécessaires pour permettre la libre formation de l’opinion des citoyennes et citoyens», rappelle le comité de pilotage dans un communiqué de presse. Le Conseil d’Etat fribourgeois a pris acte de la décision et déclare partager «l’évaluation de la situation». Pour le gouvernement cantonal, le maintien du vote du 17 mai était devenu «inenvisageable».

 

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