La densification est au cœur de la bataille pour la mairie de Zurich
Croissance Là où Genève pousse, la métropole alémanique freine
La densification urbaine s’installe-t-elle comme thème majeur du débat politique en Suisse? Elle est en tout cas au cœur de deux scrutins se jouant dimanche, l’un dans la métropole lémanique, l’autre dans la métropole alémanique.
Les électeurs du canton de Genève votent sur un référendum contre la «surdensification» reprochée aux autorités. C’est l’inscription dans la loi sur les zones de développement d’un indice minimal de densité qui est contestée, par les propriétaires de villas notamment (LT du 10.01.2014).
A Zurich, où les citoyens renouvellent leurs autorités municipales, la même thématique a dominé la campagne. La droite, qui espère renverser la maire socialiste Corine Mauch, s’en prend avec virulence au nouveau plan de zones de la ville, accusé, lui, de sous-densifier.
«Bienvenue à Zurich, bientôt un musée en plein air!» ironisent les adversaires du plan de zones, exaspérés par les restrictions que celui-ci impose aux nouvelles constructions. Présenté l’automne dernier par le conseiller municipal André Odermatt, PS également, ce plan de zones a pour slogan «Croître, mais mieux». Il entend préserver la qualité de vie en ville, tirant la leçon de certains quartiers récents qui se sont révélés peu attractifs, à Züriwest notamment. Les noyaux de quartiers anciens seront mieux protégés et l’indice d’utilisation du sol est réduit dans certains autres, ce qui devrait avoir pour effet de limiter les nouveaux bâtiments à quatre étages là où la précédente génération d’immeubles en compte sept.
Sous-sol à la zurichoise
Surtout, le nouveau plan fâche en s’écartant d’une spécialité cantonale zurichoise: actuellement, il suffit qu’un étage soit enterré de 10 cm pour être considéré comme sous-sol et ne pas être pris en compte dans le calcul d’utilisation. Ce qui permet d’ajouter un étage de plus que la norme, tout en louant le sous-sol comme logement. La Ville veut mettre fin à cette pratique.
L’exécutif municipal estime que les réserves de capacité disponibles en ville suffiront pour absorber les 47 000 habitants et 38 000 emplois supplémentaires prévus pour 2030.
«Dézoner plutôt que miser sur la densification, c’est aberrant», s’exclamait dans nos colonnes Filippo Leutenegger, candidat PLR à la mairie (LT du 20.01.2014). Pour les contestataires, les réserves de capacité sont très théoriques, de par leur dispersion extrême. «Le plan ne dit pas où la ville doit croître, dénonce Michael Baumer, président du PLR de la ville. Ces restrictions vont freiner les constructeurs et favoriser le mitage de l’arrière-pays que l’on prétend combattre. Les Vert’libéraux condamnent aussi comme «égoïste, conservateur et asocial» un plan de zones que le PS est seul pour l’heure à défendre fermement.
Le secteur des coopératives, incontournable dans le logement zurichois, pourra continuer de viser les sept étages dans les quartiers «dédensifiés», au nom du logement d’utilité publique. Des critiques s’élèvent pourtant de ce côté-là également: la clause sur le sous-sol obligera de revoir à la baisse certains grands projets .