Un homme était très recherché ce mercredi dans la salle des pas perdus du Conseil national: Ignazio Cassis. Le Tessinois est chef du groupe parlementaire PLR. Outre sa fonction, il a un autre atout pour succéder à Didier Burkhalter: il vient d'un canton qui attend depuis longtemps d'être à nouveau représenté au Conseil fédéral. 

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Le concerné a fini par se présenter à la presse. Pour dire qu'il était trop tôt pour se prononcer sur une éventuelle candidature. «Nous venons de prendre acte d'un départ, explique-t-il. Les sections vont se déterminer et j'imagine que le Tessin, qui attend depuis près de 20 ans, va revendiquer une place au Conseil fédéral. Mais d'autres régions sont dans la même situation et au final, la langue sera un critère parmi d'autres.»

Gare aux favoris  

Sa prudence se comprend. Dans l'histoire de la politique suisse, de nombreux favoris sont tombés de l'estrade à un moment ou à un autre de la procédure. Il faut dire également que la démission de Didier Burkhalter a créé la surprise. Les élus en ont été informés en début d'après-midi seulement. Et ils ne cachent pas que des deux conseillers fédéraux PLR, ils s'attendaient plutôt à ce que le Bernois Johann Schneider-Ammann parte en premier. Tout cela pour dire que la destinée de ce siège au Conseil fédéral n'était pas à l'ordre du jour. 

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Le parti va annoncer ce jeudi la manière dont il entend procéder. Outre le Tessin, un autre canton pourrait montrer son intérêt: Genève. Le nom de l'actuel conseiller d'Etat Pierre Maudet circule aussi, mais on le sait d'expérience, le Parlement ne choisit pas volontiers un candidat hors du sérail fédéral. Les Vaudois Pascal Broulis et Pierre-Yves Maillard en ont fait les frais. De plus, le calendrier n'est guère favorable à Pierre Maudet, en campagne pour sa propre réélection. 

Plusieurs femmes pressenties

Choisi pour figurer sur le ticket avec Didier Burkhalter pour succéder à Pascal Couchepin, un autre genevois, Christian Lüscher, reste pour l'instant de marbre. «Le jeu est totalement ouvert et il est prématuré de donner des noms», lance-t-il. «A ce stade, tout le monde est potentiellement candidat», poursuit le Fribourgeois Jacques Bourgeois. 

Pas tant que ça, sauf s'il s'agit d'alimenter la chronique estivale. Une femme? Les Vaudoises Isabelle Moret, conseillère nationale, et Jacqueline de Quattro, conseillère d'Etat, viennent d'un canton déjà représenté au gouvernement par l'UDC Guy Parmelin. Fribourg est aussi déjà servi avec Alain Berset. Le Valais? La relève PLR n'est pas prête. Philippe Nantermod se réjouit de «vivre une élection de l'intérieur». Neuchâtel? Laurent Favre et Alain Ribaux semblent pleinement investis dans leur canton. 

Plusieurs signes indiquent que le tour du Tessin a sonné. Avec trois conseillers fédéraux, la Suisse romande est actuellement sur-représentée. Et au sein même du PLR, on parlait hier d'une candidature latine et pas spécifiquement romande. Le PLR tessinois a d'ailleurs immédiatement annoncé la tenue d'une réunion avec ses élus à Berne.

Né en 1961, Ignazio Cassis siège au parlement fédéral depuis 2007. Ancien médecin cantonal, il préside la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique. Prédestiné à reprendre le Département de l'Intérieur? Alain Berset n'a jamais caché son intérêt pour la diplomatie et les affaires du monde. Mais on n'en est pas encore là.

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