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Le Département des transports reste inflexible face à la colère des routiers italiens

Routiers en colère. Les camionneurs transalpins ont mené mercredi des actions de blocus en plusieurs passages-frontière du nord de l'Italie, dont une au poste de Chiasso. La circulation des poids lourds en a été perturbée au nord du tunnel du Gothard et au nord de l'Italie. Les routiers italiens exigent notamment le rétablissement du trafic dans les deux sens à l'intérieur du Gothard

Seule une photographie prise d'un satellite aurait pu rendre compte dans sa totalité du capharnaüm routier provoqué par la «journée d'action» des camionneurs italiens. Le nord de l'Italie aux abords du Tessin et, en Suisse, les aires d'autoroutes au nord du Gothard ont été progressivement congestionnées, mercredi, à mesure que le blocus du Grand-Saint-Bernard et des douanes commerciales italiennes à hauteur de Chiasso produisait ses effets sur le trafic des poids lourds. La circulation des voitures, elle, ne semble pas avoir pâti de la manifestation, alors qu'au Tessin la circulation des camions n'a pas été touchée, ceux-ci ayant été stoppés au nord du tunnel du Gothard, mardi soir, par précaution. Le blocus, imposé dès 5 heures mercredi matin, devait être levé à 22 heures, mais s'est peu à peu décanté dès la fin de l'après-midi. Les routiers transalpins ont mené des opérations semblables à la frontière italo-française du tunnel du Fréjus et à celle conduisant en Autriche via le tunnel du Brenner. Dans le cas suisse, la Fédération nationale des transporteurs italiens (FAI) reproche à la Confédération la taxe poids lourds, l'interdiction du trafic de nuit et le système de circulation alternée mis en place le 22 décembre pour la traversée du tunnel du Gothard, deux mois après l'accident suivi d'un incendie qui avait tué onze personnes à l'intérieur de la galerie. Les chauffeurs transalpins veulent que l'Italie «se fasse l'interprète en Europe auprès du gouvernement suisse du droit à la libre circulation des marchandises». Interrogé par l'ATS, le président régional de la FAI à Côme, Giorgio Colato, a affirmé s'en prendre aux «décision erronées des techniciens suisses». La FAI réclame la construction d'un second tunnel routier au Gothard, ainsi que la réintroduction de la circulation dans les deux sens dans la galerie actuelle. «Nous ne voulons pas punir les automobilistes. Nous souhaitons simplement sensibiliser les politiciens», a dit encore le président régional de la FAI. Sur les routes helvétiques, les camions circulant au nord du Gothard devaient faire halte en Argovie à partir de 15 heures, les aires d'attente d'Uri, Nidwald et Lucerne étant alors déjà pleines. En Italie, les poids lourds se dirigeant vers le nord continuaient d'affluer. La police italienne décidait de boucler une des voies de l'autoroute entre Côme et Chiasso pour les y parquer. Dans cette ambiance de solidarité routière, des militants de Greenpeace rassemblés à la douane de Chiasso distribuaient des tracts, accompagnés de croissants et de cafés chauds, aux camionneurs italiens pour tenter de les convaincre de mettre leurs véhicules sur le train. A Berne, le Département fédéral des transports (DETEC) est resté fidèle à ses positions. «La redevance poids lourds est un important instrument de la politique des transports qui vise à transférer dans toute la mesure du possible les marchandises sur le rail», a déclaré la porte-parole du DETEC, Claudine Godat Saladin, mercredi. La demande des routiers italiens de levée de l'interdiction du trafic de nuit n'est pas plus écoutée: «L'interdiction est inscrite dans la loi et il n'y a pas de raison de revenir là-dessus», a ajouté la porte-parole. Quant au trafic alterné dans le tunnel du Gothard, lui seul est en mesure d'éviter une collision frontale entre poids lourds semblable à celle qui s'est produite le 24 octobre, selon le DETEC. L'Astag, le lobby routier suisse, partage pour l'essentiel les revendications des camionneurs italiens.

Bruxelles réagit

La Commission européenne a déclaré mercredi ne pouvoir intervenir auprès de l'Italie pour que celle-ci fasse entendre raison aux routiers bloquant la douane. La Commission a indiqué qu'elle ne pouvait entreprendre de démarche que si le trafic intercommunautaire était touché. «Entre deux Etats membres, c'est possible, mais pas entre l'Italie et la Suisse», a affirmé le porte-parole bruxellois, Gille Gantet. Il en irait différemment si les accords bilatéraux étaient en vigueur, mais ils ne le sont pas encore.