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Des députés neuchâtelois «choqués»

La chasse aux parlementaires mauvais payeurs suscite de vives réactions.

«Désagréable», «choquant», «insupportable». La chasse aux parlementaires mauvais payeurs lancée mardi par le conseiller d'Etat socialiste Jean Studer suscitait des réactions indignées, hier, dans les coulisses de l'hémicycle. A gauche comme à droite, de nombreux députés regrettaient d'être montrés du doigt dans ce qu'ils assimilent à «une chasse aux sorcières». Cela devient une habitude dans la République: en février, après la mise hors-jeu de la radicale Catherine Schallenberger de la course au Conseil d'Etat en raison de ses arriérés d'impôts, l'ancienne ministre des Finances neuchâteloises Sylvie Perrinjaquet avait demandé au service des contributions de lister les députés mauvais payeurs. Sur 115, 22 entraient dans cette catégorie.

Huit mois plus tard, plusieurs d'entre eux ne se sont toujours pas acquittés de leur dette envers l'Etat. Ils ont dix jours pour y remédier. Se sentant traité comme des écoliers qui auraient volé des cerises, des députés fustigent l'attitude du Conseil d'Etat. Pas sur le fond - tous reconnaissent qu'il n'est «pas acceptable» de ne pas payer ses impôts -, mais sur la forme.

Le gouvernement parle de se servir dans les indemnités des députés, tonne le libéral Philippe Bauer. Certains versent cette somme directement à leur parti. On connaîtra leur identité, ce qui est totalement inacceptable.»

Le Conseil d'Etat donne des leçons au Grand Conseil, s'étonne la socialiste Gisèle Ory. «On est l'émanation de peuple. Doit-on être meilleur que lui? On nous surveille, alors que c'est à nous de veiller au bon fonctionnement du service des contributions.»

Au-delà de leur cas particulier, les parlementaires s'interrogent sur les raisons qui poussent les contribuables qui pourraient payer leurs impôts à devenir des mauvais payeurs. Pour l'UDC Pierre Hainard, c'est «une question de génération», avec une solidarité qui a tendance à s'étioler. Une idéologie «du chacun pour soi» fustigée de manière plus attendue par le popiste Alain Bringolf.

Pour Jean Studer, les attaques portées contre les impôts ont modifié le regard de la population. «Beaucoup de gens ne les ressentent plus comme un outil de redistribution des richesses, important pour garantir la cohésion sociale. Ils attendent plus de prestations de l'Etat, mais sans se soucier de savoir comment on les finance.»