Une semaine après le choc frontal entre deux trains à Granges-près-Marnand, les avis divergent sur les mesures à prendre pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise. Interrogé par le Matin Dimanche et Schweiz am Sonntag, Andreas Meyer, le patron des CFF, estime que l’idéal serait d’investir 2 milliards d’ici à 2035 pour installer le système européen ETCS2. Quelques tronçons, dont le tunnel de base du Lötschberg, sont aujourd’hui équipés. Ce dispositif complexe et global affiche dans la locomotive l’autorisation de rouler ainsi que toutes les indications relatives à la vitesse et au tronçon.
Une «illusion»
Mais Peter Füglistaler est prudent. Dans la NZZ am Sonntag, le directeur de l’Office fédéral des transports (OFT) déclare que cette technologie n’est pas suffisamment mûre et qualifie d’«illusion» l’aménagement à court terme du système ETCS2. Il se demande s’il ne vaut pas mieux retarder les changements technologiques pour mieux se concentrer sur la sécurité. Un système fait ses preuves: le ZUB. Il provoque l’arrêt immédiat du train avant que ce dernier ne dépasse un feu rouge extérieur. Comme d’autres lieux de croisements de trains régionaux, la gare de Granges-près-Marnand n’en est pas équipée. Mille sept cents signaux extérieurs supplémentaires seront installés d’ici à 2018, pour un montant de 50 millions de francs. «Il faut accélérer cet investissement et l’augmenter», estime le conseiller national Antonio Hodgers (Vert/GE). Il annonce d’ores et déjà le dépôt d’une motion à ce sujet.
Des priorités devront être établies entre les différentes options. «ZUB ou ETCS2? Il s’agit d’une bataille d’experts et la politique n’a pas à s’en mêler», estime le conseiller national Olivier Français (PLR/VD). Il s’inquiète en revanche de la différence de traitement entre les lignes secondaires et principales. Il rappelle également que les CFF ne sont pas l’unique interlocuteur. «Il faudra entendre la voix de l’Union des transports publics. Car de nombreuses autres compagnies ferroviaires sont actives sur les voies régionales à sens unique. Avant de lancer des propositions en l’air, établissons le bilan sécuritaire du réseau dans sa globalité», propose Olivier Français.
Et les syndicats ont leur mot à dire. Dans la presse dominicale, ils évoquent la pression que subissent les conducteurs de train. Ils rappellent également qu’auparavant, les contrôleurs ou les chefs de gare se chargeaient de donner le signal du départ des trains. Aujourd’hui, le mécanicien de locomotive est seul sur 70% des convois régionaux. M. Go.