Publicité

Les deux frères de Bâle condamnés pour propagande terroriste

Le Tribunal pénal fédéral a rendu son verdict. Les frères kurdes d’Irak écopent de peines fermes pour soutien à une organisation criminelle

condamné à 3 ans et 3 mois de prison pour avoir piloté depuis son domicile à Bâle une plateforme internet liée au terrorisme international, jusqu’à son arrestation en 2008. — © au centre
condamné à 3 ans et 3 mois de prison pour avoir piloté depuis son domicile à Bâle une plateforme internet liée au terrorisme international, jusqu’à son arrestation en 2008. — © au centre

Les deux frères de Bâle condamnés pour propagande terroriste

Procès Le Tribunal pénal fédéral a rendu son verdict

Les frères kurdes d’Irak écopent de peines fermes pour soutien à une organisation criminelle

Le Tribunal pénal fédéral de ­Bellinzone a rendu son verdict vendredi contre des deux frères kurdes d’Irak accusés de soutien à une organisation criminelle, en plus d’autres infractions. L’aîné, 35 ans, est condamné à 3 ans et 3 mois de prison, sous déduction des 13 mois de préventive déjà effectués. Le cadet, 28 ans, écope lui d’une peine de 2 ans avec sursis.

Au terme de leur procès, qui s’est déroulé lundi et mardi ­à Bellinzone, la défense avait plaidé l’acquittement. Le Ministère public de la Confédération (MPC) avait requis quant à lui 4 ans et 9 mois de prison contre le premier, ainsi qu’une peine ­privative de liberté de 3 ans assortie d’un sursis partiel contre le ­second.

«Je suis content», réagit le procureur général de la Confédération Michael Lauber, qui relève la sévérité des peines au regard du droit suisse. «La plupart des chefs d’accusation ont été retenus. Nous avons pu démontrer la lourde culpabilité des deux frères ainsi que le potentiel de dangerosité de la propagande sur Internet. La Suisse donne ainsi un signe qu’elle ne ­tolère pas ces activités sur son territoire.» Le MPC regrette toutefois que le chef de «participation» à une organisation criminelle à buts terroristes n’ait pas été reconnu par le tribunal.

Seul le «soutien» à cette organisation, liée à Al-Qaida, est retenu contre les deux condamnés. Si les juges ne vont pas jusqu’à reconnaître l’appartenance des deux frères à la mouvance djihadiste, ils soulignent toutefois la menace que représente l’usage d’Internet, au cœur de la stratégie d’organi­sations terroristes qui cherchent à diffuser leur propagande aussi vite que possible et à peu de frais.

Sous la supervision du mollah Krekar, prédicateur islamiste kurde exilé en Norvège et ancien dirigeant du groupe djihadiste Ansar al-Islam, le plus âgé des deux frères a piloté depuis son ­domicile à Bâle une plateforme ­internet liée au terrorisme international à partir de 2003 et jusqu’à son arrestation en 2008.

Le Zentrum Didi Nwe Auslandabteilung à Bâle (département étranger du centre Didi Nwe), qui se présentait comme un centre culturel, hébergeait en réalité des sites et des forums destinés au recrutement de sympathisants au djihad. Sans emploi, le frère aîné, père de deux enfants, était au bénéfice de l’aide sociale et consacrait l’essentiel de son temps à administrer ce centre. Il se faisait en outre passer pour un journaliste afin d’entrer en contact avec des leaders djihadistes.

Son jeune frère l’a secondé dans sa tâche, diffusant notamment des vidéos d’exécutions sommaires ainsi que des messages faisant l’apologie de la guerre sainte et appelant au meurtre des ennemis de l’islam. Les deux Kurdes n’ont pas réussi à convaincre les juges que leur activisme sur Internet ­relevait d’une résistance politique contre l’invasion américaine de l’Irak. Ils sont en outre reconnus coupables d’avoir produit de faux documents pour obtenir l’asile en Suisse. «L’abus de l’hospitalité d’un pays qui leur a donné les moyens de vivre bien a renforcé leur culpabilité», souligne Michael Lauber.

La cour a balayé l’argument central de la défense selon lequel l’enquête du MPC reposait sur des bases illégales, puisqu’elle s’appuyait sur des informations obtenues en Suisse par des services de renseignement étrangers, sans autorisation. «Notre enquête a pour point de départ un rapport des services de renseignement, souligne Michael Lauber. Mais elle a ensuite permis de confirmer et de prouver la plupart des soupçons par ses propres moyens et dans la légalité. Ce procès nous conforte dans cette méthode.»

«L’abus de l’hospitalité d’un pays qui leur a donné les moyens de vivre bien a renforcé leur culpabilité»