« Opposant de la première heure à l’EEE, Olivier Delacrétaz a pour lui le mérite de la cohérence. Il ne croit pas, il n’a jamais cru, avec son mouvement «la Ligue vaudoise» – fédéraliste et réactionnaire au sens premier du mot –, à une alliance solide des Etats européens. Son point de vue [dans «EEE la nébuleuse», aux Cahiers de la renaissance vaudoise], c’est, écrit-il, celui «de la souveraineté des cantons et, par conséquent, de l’intérêt de la Confédération qui garantit cette souveraineté face à l’extérieur». Cette prémisse établie, Olivier Delacrétaz et son co-auteur Pierre Bolomey ont alors beau jeu de dénoncer toutes les faiblesses du traité. Et on dira que, parfois, ils touchent juste. Un exemple: le traité est en effet «évolutif». On sait que la Suisse sera, au même titre que les autres pays de l’AELE, consultée avant chaque décision de Bruxelles. Mais cela ne suffit pas aux deux auteurs: n’ayant pas obtenu la co-décision, la Suisse prend le risque – comme ses partenaires – d’être considérée comme un pays de seconde zone. De cette constatation largement partagée, y compris par les partisans de l’EEE, découle la conclusion que la Suisse ne doit pas manger de ce pain-là. C’est là qu’on ne peut pas suivre Delacrétaz et son compère. Car s’il est vrai que l’EEE est un traité déséquilibré – et, pour cette raison, provisoire –, les règles à venir correspondent bel et bien aux valeurs démocratiques et libérales de la Suisse. La preuve? pour avaler ce que les deux «Liguards» dépeignent comme le monstre froid, la Suisse n’a eu à modifier que 60 des 1500 textes législatifs qu’elle s’est donnés. […] »

« A deux jours de la votation sur l’EEE, tous les scénarios restent possibles. Une seule certitude: la votation risque de provoquer une mobilisation exceptionnelle.

Chose rarement vue à Genève: la participation à la votation de dimanche va sans doute dépasser les 70%. Un pourcentage qui pourrait être valable pour l’ensemble de la Suisse, selon le politologue genevois Pascal Sciarini. A Lausanne, les premières estimations basées sur les votes par anticipation donnent des chiffres un peu plus bas, 55 à 60%. Ces chiffres ne tiennent toutefois pas compte des votes par correspondance. […]

Si ce chiffre de 70% de participation se vérifie, cela équivaudrait, pour la Suisse, à une participation tout à fait exceptionnelle. […]

Selon Pascal Sciarini, le vote se jouera dans sept cantons: Zurich, Berne, Soleure, Zoug, Saint-Gall, le Tessin et le Valais. C’est de leur oui ou de leur non que dépendra le résultat final. L’appel à voter oui publié hier par le quotidien valaisan Le Nouvelliste aura-t-il un impact positif sur le Valais? «Il aura une influence certaine sur les indécis, encore nombreux dans ce canton», estime-t-il. […] »