«Ce ne sont pas ses regrets qui sont pauvres. C'est lui qui est pauvre. C'est sa capacité à éprouver une réelle culpabilité qui est pauvre.» Lui, c'est celui qui avait abattu sa femme d'une balle entre les deux yeux un matin de février 2007. A l'heure de plaider la peine, ses défenseurs ont eu la tâche difficile face à un jury populaire qui venait de reconnaître leur client coupable d'assassinat et de viol. Des crimes commis en état de pleine responsabilité et sans aucune circonstance atténuante. De quoi pouvoir théoriquement infliger la prison à vie.

Mes Salvatore Aversano et Guerric Canonica ont appelé les jurés à se méfier des excès. Ils ont été en partie entendus. La Cour d'assises a finalement condamné jeudi cet ouvrier portugais à une peine privative de liberté de 15 ans. Le Ministère public avait de son côté proposé d'infliger 18 ans à cet homme qui avait fait vivre un long calvaire à sa victime avant de l'anéantir (LT du 01.10.2008).

La décision reste globalement très sévère. Le mari y est dépeint comme un être particulièrement égoïste qui a préféré tuer son épouse plutôt que de la voir partir. Tout cela parce qu'il avait honte d'être quitté et ne voulait pas perdre la face devant ses amis. L'intéressé ne s'est pas contenté de faire disparaître sa femme. Il l'a également fait souffrir en la terrorisant, en la violant et en la menaçant.

Des semaines d'assassinat

«Son assassinat a finalement duré des semaines et il a organisé un véritable guet-apens pour se débarrasser de sa victime», a relevé Véronique Hiltpold, la représentante du Parquet, tout en soulignant la volonté criminelle «étonnamment intense» de l'intéressé.

«Aussi terribles que soient ces crimes, ils restent humainement explicables», rétorquera Me Aversano en insistant sur les troubles psychiques de son client. Alcoolisme précoce de cet homme qui a commencé à travailler et à boire dès l'âge de 12 ans sur des chantiers, sentiment chronique de vide, dépression sévère. «Il a craqué lorsque son univers s'est écroulé», a résumé la défense. Non sans souligner la difficulté qu'a cet être fruste à exprimer ses sentiments. Finalement, ce sont surtout l'âge - 51 ans - et l'absence d'antécédents de l'intéressé qui semblent avoir joué en sa faveur. La Cour ayant par ailleurs souligné que l'accusé avait toujours minimisé des faits d'une gravité exceptionnelle.

Cette tragédie aurait-elle pu être évitée si la plainte déposée par la victime trois semaines avant sa mort avait été prise plus au sérieux? C'est une question qui restera sans réponse.