Deux ans après le vote du 9 février 2014 «contre l'immigration de masse» et moins d'une année avant l'échéance de sa mise en œuvre, le Conseil fédéral transmet son projet de clause de sauvegarde unilatérale au parlement. Désormais contraint d'attendre les résultats du «brexit», le ministre des affaires étrangères continue à privilégier la négociation avec l'Union européenne.

Absent ce vendredi lorsque le Conseil fédéral présentait à la presse son projet de frein à la migration, Didier Burkhalter s'exprime ce week-end dans la NZZ am Sonntag et dans Le Matin Dimanche. Pour lui, «nous ne négocierons plus très longtemps» avec l'Europe. Il estime qu'une solution consensuelle pourrait intervenir après le référendum de la Grande-Bretagne sur son appartenance à l'Union européenne, qui se tiendra le 23 juin prochain.

Les problèmes peuvent se régler par étapes.

Le conseiller fédéral explique que la Suisse a signé le protocole d'extension de la libre circulation des personnes à la Croatie pour montrer à l'Union européenne que «nous souhaitons aller jusqu'au bout dans la discussion sur un accord négocié», et que «les problèmes peuvent se régler par étapes». Néanmoins, au moment où le gouvernement transmet la clause de sauvegarde au parlement, il avoue que «le seul vrai bon plan», un accord commun avec l'Union européenne, «n'est pas encore prêt».

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Le débat parlementaire aura lieu en avril

La clause de sauvegarde unilatérale sera débattue par le Conseil national le 26 avril prochain. Pour Didier Burkhalter, «il peut s'intéresser à des solutions alternatives», et «il peut aussi décider d'attendre le résultat du débat britannique et la solution que nous pourrions trouver avec l'UE après ce vote». Il faudra une ordonnance pour connaître la manière dont les contingents pourraient être définis. Le Conseil des Etats devrait se saisir du dossier au mois de juin, et les Suisses voteront sans doute avant la fin 2016.

Le rédacteur en chef de la Sonntagszeitung Arthur Rutishauser affirme que «l'Union européenne ne tolérera pas une exception suisse». Mais selon le rédacteur en chef de la NZZ am Sonntag, Felix E. Müller, «les chances d'un compromis avec l'Union européenne sont meilleures qu'elles ne le paraissent». Pour le correspondant parlementaire du Matin Dimanche, Fabian Muhieddine, «on a le droit d'admirer le Conseil fédéral», qui réalise «un sans-faute», en envisageant toutes les possibilités. Tous conviennent que le gouvernement cherche à gagner du temps, pour négocier avec l'Europe.

A la fin, c'est le peuple qui héritera de la patate chaude.

Pour le Sonntagsblick, «à la fin, c'est le peuple qui héritera de la patate chaude». Dans la Schweiz am Sonntag, le président du PLR Philipp Müller ne voit aucune solution pour concilier le maintien des accords bilatéraux et le respect de la volonté populaire: «Je demande à Monsieur Blocher de lancer une initiative sur la résiliation de l'accord avec l'UE sur la libre circulation des personnes».

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Une nouvelle alliance contre Christoph Blocher

La Sonntagszeitung présente l'alliance proeuropéenne qui espère soumettre au peuple un contre-projet à l'initiative RASA, intitulée «sortons de l'impasse». La démocrate chrétienne Kathy Ricklin, la vert-libérale Tiana Moser et le président du parti bourgeois démocratique Martin Landolt souhaitent inscrire la voie bilatérale dans la constitution.

Le SonntagsBlick détaille un rapport du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) sur la procédure d'asile accélérée, testée durant 20 mois dans le canton de Zurich. Les résultats semblent démontrer que cette nouvelle méthode est plus rapide et moins chère, et qu'elle présente un taux de rendement plus élevé. Elle est visée par un référendum de l'UDC.

Selon la NZZ am Sonntag, la Suisse accueillera probablement 600 requérants d'asile enregistrés par les autorités grecques. Il s'agit principalement de Syriens, qui ont de bonnes perspectives de pouvoir bénéficier d'un permis de séjour en Suisse. La Confédération participe volontairement au programme de répartition des réfugiés de l'Union européenne. Le Conseil fédéral a donné son feu vert à l'accueil de 1500 personnes au maximum. 900 autres requérants d'asile enregistrés en Italie pourraient arriver en Suisse.