Au terme de la première semaine de la nouvelle législature, et à six jours de l’élection du Conseil fédéral, plusieurs observations peuvent être faites à propos des candidats présentés par l’UDC.

Thomas Aeschi a fait plutôt bonne impression devant le groupe libéral-radical grâce à son dynamisme, sa maîtrise des langues, sa volonté d’appliquer un corset strict au budget fédéral. Comme il a une bonne cote au sein de son propre groupe, il conserve d’excellentes chances.

Toutefois, sa proximité de Christoph Blocher lui a valu des questions dans tous les groupes. Parce qu’il est jeune et possède un CV politique peu étoffé, il donne le sentiment de répéter le discours de Christoph Blocher. A Berne, certains le surnomment «Pathé-Marconi», une marque dont le slogan était «la voix de son maître». Les doutes sur son indépendance risquent de le pénaliser.

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Un «Aeschi Parmelin»

Guy Parmelin a pour lui sa bonhomie et la sympathie qu’il inspire. Ses faiblesses linguistiques en allemand et en anglais le privent cependant de points importants. Un autre élément risque de le desservir: il est le seul des trois à ne pas disposer d’une formation universitaire, un critère qui prend de plus en plus d’importance en raison de la complexité et de l’internationalisation croissantes des dossiers politiques. La recette idéale serait une combinaison des deux, un «Aeschi Parmelin», mélange de pommes de terre vaudoises et de boeuf haché de Suisse centrale, suggère un observateur caustique.

Les chances de Norman Gobbi paraissent faibles. Il représente certes la Suisse italophone, mais son passé de membre de la Lega fondée par le sulfureux Giuliano Bignasca et son inscription de dernière minute à l’UDC tessinoise provoquent des haussements d’épaules à Berne.

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Le comportement du camp rose-vert demeure la grande inconnue. On perçoit la tentation de rééditer le coup de 2007, lorsque le plan Eveline Widmer-Schlumpf, tenu secret jusqu’au dernier moment, a permis de renvoyer Christoph Blocher. Encore faut-il s’entendre sur un autre nom et lui faire obtenir la majorité des voix. Les statuts de l’UDC, qui disent qu’un membre élu sans être candidat officiel est exclu «automatiquement» du parti, en énervent plus d’un sous la Coupole. C’est pourquoi l’idée de provoquer l’UDC sur ce terrain séduit.

Qui pourrait être ce candidat sauvage? Les dernières tergiversations de Heinz Brand semblent l’exclure. Le président du PS, Christian Levrat, a cependant lâché lors d’un débat public qu’au moins deux UDC se seraient dits prêts à accepter leur éventuelle élection. On verra mercredi si c’est sérieux ou non.