Pascal Eichenberger, directeur général de la société qui possède le logiciel de comptabilité et de facturation suisse Winbiz, a annoncé son départ mardi à ses collaborateurs, selon plusieurs sources concordantes. Victime de la cyberattaque de son hébergeur bernois Infopro en novembre, Winbiz est critiquée depuis par de nombreux clients et partenaires pour sa gestion des suites du piratage. Quelque 8800 utilisateurs, principalement des PME et des fiduciaires, avaient été impactés par l’arrêt des serveurs après la cyberattaque.

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Le départ de Pascal Eichenberger est confirmé par Christine Visinand, qui a été mandatée pour renforcer la communication de la société durant la crise, soit jusqu’au début de l’année. Selon cette dernière, «il ne s’agit pas d’un licenciement. Pascal Eichenberger a eu un comportement exemplaire dans la gestion de cette crise, d’après ce que j’ai pu observer».

Contacté, l’ex-CEO nous a fait savoir par message qu’il ne souhaitait pas commenter son départ. Nous avons également fait parvenir des questions au directeur de la communication du groupe français Fiducial, mais n’avons pas obtenu de réponses.

En 2013, la société valaisanne à l’origine de Winbiz avait été rachetée par Fiducial, une holding spécialisée dans la vente de services aux PME. Pascal Eichenberger avait alors été placé à la tête de l’entreprise. Auparavant, il avait été notamment responsable de l’incubateur de Logitech sur le site de l’EPFL.

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Lenteur de la restauration du système

Winbiz fait l’objet de critiques notamment en raison des lenteurs de la restauration du système après la cyberattaque, lenteurs dues à un manque d’anticipation, selon de nombreux observateurs. Entre novembre et janvier, Le Temps a recueilli de nombreux témoignages de clients qui décrivaient une situation chaotique. En février encore, certains se plaignaient que Winbiz avait commencé à refacturer ses clients au plein tarif alors même que certains services n’avaient pas été rétablis depuis novembre. En janvier, des patrons évoquaient un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers de francs.

L’ancien préposé à la protection des données et à la transparence valaisan et avocat Sébastien Fanti a annoncé il y a une semaine avoir entamé le processus visant à obtenir des dédommagements pour les pertes subies par des utilisateurs. Contacté, il précise que trois avocats au moins travaillent sur cette affaire et que plusieurs dizaines de clients sont impliqués dans la démarche.

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Après la cyberattaque, de nombreux utilisateurs se sont en outre inquiétés du vol de leurs données, au sujet duquel la société et l’hébergeur diffusaient des informations contradictoires. Dans un communiqué publié mi-décembre, Winbiz avait fini par expliquer que des données hébergées par Infopro avaient été volées lors de la cyberattaque et faisaient l’objet d’une demande de rançon auprès de l’hébergeur, mais qu’aucune de ces données ne concernait les clients de Winbiz. La société affirmait se baser sur des éléments transmis par la police bernoise. Contactée par Le Temps en décembre, la police n’a pas confirmé ces allégations.