«Nous avons presque 6 en maths, 5 en sciences et 4,5 en lecture.» Beat Zemp, le président de l’association faîtière des enseignants alémaniques, s’amuse à traduire ainsi en notes les résultats de l’étude Pisa 2009, qui viennent d’être communiqués. Ils témoignent selon lui d’une «école publique très performante». Plus sobre, la Fribourgeoise Isabelle Chassot, présidente des directeurs cantonaux de l’Instruction publique, n’en est pas moins ravie: la Suisse se situe cette fois clairement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, dans les trois branches examinées.

Pour les sciences, la Suisse reste comme précédemment dans le haut du classement. Elle est même dans le trio de tête pour les maths, sa branche d’excellence. Mais l’examen 2009 des compétences des jeunes de 15 ans était particulièrement attendu pour la lecture, thème principal, comme il y a dix ans, des tests menés l’an dernier. Faut-il rappeler que la première livraison de Pisa, en 2001, avait provoqué un véritable choc? Une Suisse encore sûre d’être la meilleure élève au monde se retrouvait en dessous de la moyenne des pays développés.

Dans PISA 2000, elle occupait la 17e place sur 27 concurrents, et totalisait 494 points pour une moyenne OCDE située à 500. Cette fois, la Suisse occupe la 11e place parmi les 34 participants OCDE, le 14e rang dans l’ensemble des 65 concurrents. Elle obtient 501 points en lecture, pour une moyenne OCDE de 493.

Les auteurs de l’étude le relèvent eux-mêmes: les compétences moyennes des élèves suisses ne se sont pas améliorées de façon significative. Mais la proportion d’élèves faibles en lecture (ceux qui n’atteignent pas le niveau 2, voir infographie) s’est réduite à 16,8%. En 2000, la Suisse avait appris avec consternation qu’un élève sur cinq (20,4%) était un mauvais lecteur.

L’étude montre par ailleurs que l’écart de performance entre les élèves d’origine suisse et les jeunes migrants s’est réduit notablement. Les résultats des jeunes migrants étaient en 2000 de 86 points inférieurs à ceux des autres élèves. En 2009 cet écart est de 48 points, ce qui correspond à la moyenne OCDE.

Ce résultat encourageant, qui doit être poursuivi, montre que les efforts entrepris depuis 2001 ont porté leurs fruits, juge Isabelle Chassot. En 2003, la Conférence des directeurs de l’Instruction publique (CDIP) avait réagi par un plan de soutien à la lecture dans les classes. La politicienne se garde de toute interprétation polémique des nouveaux résultats dans le contexte de la politisation croissante du sujet scolaire et de la volonté de l’UDC d’investir ce terrain. «L’Ecole assume les choix de la politique migratoire, relève-t-elle. Mais ces résultats montrent qu’avec un effort on peut améliorer la situation.»

C’est son parti, le PDC, qui s’est chargé de proclamer, une fois connus les résultats, «un urgent besoin d’action». Il invite en fait les autorités à mener à bien l’harmonisation intercantonale et l’élaboration du plan cadre alémanique, dont la gestation est difficile.

L’UDC, qui a lancé, notamment en Suisse alémanique, une remise en question de l’harmonisation et de la formation pédagogique, s’empresse au contraire d’assurer que la nouvelle édition de PISA ne va rien changer à ses positions. «Il faut former les élèves à la concurrence», a notamment déclaré le vice-président Yvan Perrin à l’ATS.

Comme d’habitude, le détail des résultats suisses permettant la comparaison entre cantons doit maintenant être dépouillé, en vue de sa présentation publique d’ici un an.

Pour la suite, la Suisse participera à PISA sur une base réduite. Dès 2015, ce sont seulement 5000 élèves qui seront testés, et non plus de 20 000 comme aujourd’hui, a annoncé Isabelle Chassot. Cela suffira à poursuivre les comparaisons internationales, assure la ministre fribourgeoise.

La somme ainsi libérée sera investie dans des comparaisons internes d’un nouveau type, qui permettront de vérifier les objectifs nationaux de formation, une fois que ceux-ci seront en vigueur. La première expérience devrait être menée entre 2014 et 2017. Ces tests porteront sur la langue d’enseignement, la première langue étrangère, les maths et les sciences. «Ces comparaisons seront plus pointues et plus pertinentes pour nous que celles de PISA», affirme la présidente de la CDIP.

Tous les résultats sur www.cdip.ch

L’écart de performance entre élèves d’origine suisse et jeunes migrants s’est réduit