Dans un résumé de ses considérants rapidement lu en public, le Tribunal de la Sarine a estimé que le doute devait profiter à l'accusé. Rappelons que Paul Grossrieder était soupçonné d'avoir entretenu plusieurs relations sexuelles gratuites avec une informatrice de la police, toxicomane et prostituée, en échange de sa protection contre des délits commis par cette dernière (Le Temps du 29 juin).
«La crédibilité du témoin Z est mise en cause. De nombreux détails ne concordent pas», explique le tribunal pour réfuter la thèse de la seule accusatrice qui a maintenu ses dires. Le tribunal estime donc que la preuve de relations sexuelles gratuites avec l'informatrice de la police n'a pas été apportée. Il juge que Paul Grossrieder, en fermant un œil sur le peu qu'il savait d'elle dans le milieu de la drogue et de la prostitution, n'a pas dépassé les règles en usage dans la police, concernant le traitement des informateurs. Dans ces conditions, les accusations de corruption passive et d'entrave à l'action pénale tombent. Quant à la violation du secret de fonction durant une conférence de presse organisée par l'avocat de Paul Grossrieder, elle n'est pas retenue, l'ancien chef de la brigade des stupéfiants étant resté passif. De plus, les documents remis à la presse avaient été suffisamment caviardés pour éviter cette violation.
Une «vie d'enfer»
Le tribunal a été sensible aux arguments de la défense et à l'ultime plaidoyer de l'accusé, mardi matin, lorsqu'il a largement décrit la «vie d'enfer» qu'il a subie durant plus de deux ans. «Je ne peux pas accepter d'avoir été traité de la sorte après trente ans de service dans la police», explique-t-il, en signalant qu'il a frôlé la dépression nerveuse. Le tribunal a indirectement reproché au juge Patrick Lamon d'avoir entraîné les policiers dans des enquêtes secrètes qui ont perturbé leur vie de famille. Il admet en outre que Paul Grossrieder a pu subir des pressions l'ayant incité à avouer, dans un premier temps, des fautes qu'il n'avait pas commises.