La commission des institutions politiques du National persiste: elle ne veut pas abaisser le droit de vote à 16 ans. Par 12 voix contre 12 et une abstention, elle propose de justesse de classer l’initiative parlementaire de Sibel Arslan (Verts/BS).

Les députés avaient donné leur feu vert. Tout comme la commission sœur du Conseil des Etats. Un projet de loi devait être élaboré. La commission du National en a toutefois décidé autrement, grâce à la voix prépondérante de son président, Andreas Glaner (UDC/AG).

Le droit de vote et le droit d’être élu ne devraient pas être accordés à des âges différents, argumente-t-elle vendredi dans un communiqué. De plus, les cantons sont plutôt défavorables au droit de vote dès 16 ans. Pour une minorité, le processus politique devrait se poursuivre. Un projet visant à mettre en œuvre l’initiative parlementaire devrait être mis en consultation.

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La Session des jeunes, réunie actuellement à Berne, évoque dans un communiqué une «claque» pour la jeunesse. Elle estime nécessaire et urgent d’abaisser l’âge du droit de vote, notamment pour compenser le vieillissement de la démocratie suisse.

Jeunes intéressés par la politique

Dans son texte, Sibel Arslan estime que les jeunes de 16 ans sont très intéressés par la politique. Ils ont envie de participer et bénéficient de l’éducation politique nécessaire.

La participation aux élections et aux votations constituerait un bon point de départ pour l’engagement dans la vie politique, poursuit la députée. Les jeunes pourraient ensuite bénéficier du droit d’être élus au moment où ils atteignent la majorité civile.

Le Parti socialiste regrette la décision de la commission du Conseil national. «Un soutien à ce projet aurait donné un signal clair en faveur de l’engagement citoyen de la jeunesse et de son encouragement», écrit-il dans un communiqué. «À 16 ans, les jeunes doivent souvent prendre des décisions importantes pour leur avenir professionnel ou leur formation. Leur refuser le droit de participer pleinement à la vie politique ne correspond pas aux réalités de notre société», souligne Ada Marra, conseillère nationale vaudoise et vice-présidente du PS Suisse.

«La commission écarte la volonté des jeunes de prendre leur avenir en main et refuse un élargissement de la démocratie pour que le corps électoral soit plus représentatif de la population», dénonce Lisa Mazzone, conseillère aux Etats genevoise. Les Verts lancent une pétition, indique leur communiqué, «afin que le Parlement se mette au travail en élaborant une modification constitutionnelle pour accorder le droit de vote à 16 ans».

L’exception glaronnaise

Au niveau cantonal, seul Glaris accorde pour l’instant le droit de vote à 16 ans. Victime de l’exode de ses jeunes, il a choisi en 2007 de leur envoyer un signal pour les inciter à rester au pays.

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En février 2020, les citoyens neuchâtelois ont eux refusé à 58,5% l’abaissement de la majorité civique à 16 ans. Le Parlement jurassien en a fait de même quelques mois plus tard. Des projets sont en discussion dans plusieurs cantons, dont Vaud, Genève, le Valais, Berne et Zurich.

Sur le plan international, l’Autriche connaît le droit de vote dès 16 ans depuis une dizaine d’années. L’expérience se montre concluante: les jeunes de 16 et 17 ans sont apparemment plus nombreux à voter que les nouveaux électeurs plus âgés.