Maria Bernasconi (PS/GE) est dans tous ses états. La secrétaire générale de l’Association du personnel de la Confédération ne digère pas le coup de force réussi lundi soir par l’UDC avec la complicité du Parti libéral-radical et du Parti bourgeois-démocratique (PBD).
A une courte majorité de 97 voix contre 82 et 5 abstentions, le Conseil national a décidé de réduire de 50 millions de francs le montant de 5,5 milliards prévu pour les charges de personnel dans le budget de la Confédération pour 2014. Dans la foulée, par 92 voix contre 78 et 8 abstentions, la Chambre du peuple a coupé 150 millions sur le budget de 4,5 milliards envisagé pour le matériel et l’exploitation.
Il y a des années que l’UDC dépose systématiquement des amendements visant à réduire le budget du personnel de l’administration. Elle n’y est jamais parvenue, car elle n’a jamais eu l’appui de quiconque pour cela. Pourquoi le PLR a-t-il, cette fois-ci, appuyé la proposition de l’UDC? «Nous étions favorables au programme d’économies. Mais le Conseil national l’a renvoyé au Conseil fédéral lundi. Faute de programme d’économies, il nous a paru nécessaire de prendre d’autres mesures afin d’anticiper des réformes à venir, comme celle de l’imposition des entreprises. Il faut rester vigilant avec le budget fédéral. La réduction de dépenses qui a été décidée représente 0,91% des charges de personnel et 3% des charges d’exploitation», répond Olivier Feller (PLR/VD), membre de la Commission des finances.
Maria Bernasconi juge cet acte «inconscient». «Ce n’est pas applicable. Pour couper 50 millions dans le budget du personnel, il faut supprimer 200 emplois. On ne peut pas virer les employés comme ça, du jour au lendemain. Cela signifie aussi qu’on ne pourra pas engager le personnel supplémentaire demandé pour les gardes-frontière et l’asile, sans oublier les besoins du tournant énergétique», réplique-t-elle. «Le Conseil fédéral nous dit que ce n’est pas possible? C’est l’argument classique que l’on invoque lorsque l’on ne veut pas agir. Nous sommes convaincus que c’est possible. Il y a du mou dans l’administration», rétorque Olivier Feller. Christoph Blocher va plus loin: à ses yeux, il y a carrément du «gras» dans les services de la Confédération.
La conséquence financière de cette décision, c’est que le budget 2014 passe dans le noir alors qu’il était, après son passage devant le Conseil des Etats, déficitaire à hauteur de 119 millions. Si l’on ajoute les 88 millions retirés du budget afin de tenir compte du refus de la hausse de la vignette et de la reprise de 400 kilomètres de routes cantonales par la Confédération, ainsi que quelques autres modifications de moindre importance, le Conseil national a adopté un budget qui présente un excédent de 163 millions.
Mais la messe n’est pas dite. Le Conseil des Etats a refusé les deux coupes visant le personnel et le matériel la semaine dernière par 35 voix contre 2. «La décision du Conseil national n’est ni cohérente ni responsable à quelques semaines de l’entrée en vigueur du budget 2014. Nous ne céderons pas», annonce le président de la Commission des finances du Conseil des Etats, Jean-René Fournier (PDC/VS).
Président du Parti socialiste suisse et membre de cette commission, Christian Levrat promet de tout entreprendre pour faire fléchir le Conseil national. Surtout le PLR. «Il faut que ce parti cesse sa petite guerre contre Eveline Widmer-Schlumpf et se comporte comme un parti gouvernemental responsable», commente-t-il. Il n’est toutefois pas sûr que la vapeur pourra être inversée. Si le PLR s’obstine et qu’aucun accord n’est trouvé entre les deux conseils, l’amputation de ces 200 millions risque fort de devenir effective.
Pour la première fois dans un exercice de ce genre, le PLR a soutenu une proposition maximaliste de l’UDC