Revue de presse dominicale
Le patron de l’Association suisse des banquiers tire les leçons du sommet du G 20 qui s’est tenu à Washington
Les ministres des Finances du G 20 réunis à Washington le déclaraient vendredi : «Nous exhortons tous les Etats à avancer vers l’échange automatique d’informations» bancaires et à en faire «la règle générale» pour l’ensemble des pays du globe, ce qui conduirait à lever le secret bancaire (LT du 20.04.2013). Dans leur sillage, et alors qu’on apprend – par l’entremise entre autres du SonntagsBlick, de la SonntagsZeitung et de Schweiz am Sonntag – que le patron du Bayern FC, Uli Hoeness, a avoué avoir caché des centaines de millions d’euros en Suisse via un compte non déclaré, la presse dominicale construit une bonne partie de ses menus sur le thème de l’échange automatique d’informations… en ordre quelques fois dispersé.
De son côté, la NZZ am Sonntag rapporte dans une interview les propos tout de même fracassants de Patrick Odier. Pour le président de l’Association suisse des banquiers (ASB), il n’est plus forcément question, si l’on veut sauver les emplois de la place financière suisse, de se livrer à l’avenir à une lutte de principe contre l’échange automatique d’informations : si – et seulement si, précise-t-il -, un tel outil accédait au rang de standard global, « nous pouvons nous adapter ». Une manière de régler en partie son pas sur celui d’Eveline Widmer-Schlumpf qui, samedi à Washington, s’était déclarée prête à ouvrir la discussion sur le sujet – tout comme, ainsi que le rapporte la SonntagsZeitung, le président du PDC, Christophe Darbellay, et celui de la Conférence des directeurs cantonaux des Finances, Christian Wanner, appellent le Conseil fédéral à mener en la matière une stratégie « proactive ». Etrange dès lors de remarquer que Schweiz am Sonntag révèle l’existence d’un document, encore inédit, de cette même ASB portant sur la « stratégie européenne » de la place financière et dans lequel elle assure ne « rien vouloir savoir » de l’échange automatique d’informations et préconise de s’en tenir, malgré la déconvenue allemande, au schéma de l’impôt libératoire.
Ces histoires de gros sous résonnent de manière particulière au regard de la « Une » de Schweiz am Sonntag, qui offre un espace conséquent à l’analyse d’une récente étude de l’institut GfS Berne selon laquelle le sentiment de défiance envers les nantis tend à augmenter en Suisse, humeur dont l’initiative 1 :12 sur les salaires minimaux ou celle sur l’impôt successoral seraient la transcription en termes de démocratie directe. Le dominical alémanique n’hésite pas à parler en l’espèce de « chasse aux riches ». On n’en est pas encore au retour des Communards, mais la critique qui leur fut faite par Marx de ne pas avoir saisi la Banque de France en 1871 semble avoir trouvé un écho en Suisse… C’est en tous cas ce que peut laisser entendre la SonntagsZeitung, qui exhume des chiffres de l’Office fédéral de la statistique : de 2009 à 2012, le nombre de braquages de banques est passé de 26 à 41. De Sion à Zurich en passant par Neuchâtel et Bâle, le reportage qui illustre ces données brutes offre bonne part à la psychose qui s’installe derrière les guichets.
Du cambriolage, on passe forcément à la case prison. Dans Le Matin Dimanche, le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet estime dans une grande interview que celle de Champ-Dollon qui, avec quelque 800 détenus pour 400 places prévues, vit une situation plutôt tendue, se maintient toutefois dans le domaine de l’acceptable : « Nous sommes dans les normes européennes, et tant qu’on ne descend pas au-dessous, cela me va », explique le magistrat PLR. Alors que, comme l’explique la NZZ am Sonntag, le nombre d’étrangers en situation illégale n’a jamais été aussi élevé en Suisse, les tests ADN que le président du PDC, Christophe Darbellay, entend faire pratiquer sur « certains » requérants d’asile, participeront-ils à réguler la situation ? On ne se prononcera pas, mais le fait est que la proposition fâche tout rouge, même à droite : ainsi Martin Bäumle, le président des Verts libéraux, n’hésite-t-il pas, dans Schweiz am Sonntag, à comparer la mesure à celle du tampon « J » des années brunes.
On terminera sur une note presque douce-amère : non, Franz Weber, qu’on a connu plus combatif, ne luttera pas contre le projet de complexe touristique de luxe emmené par Samih Sawiris à Andermatt (UR). Comme il l’explique dans Le Matin Dimanche et dans la SonntagsZeitung, l’action lui semble vouée à l’échec. Tirez le rideau, le vieux lion de Giessbach rentre ses griffes.