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De ses employeurs vaudois, une jeune Brésilienne recevra un salaire équivalent à 43 centimes de l'heure

Une famille confisque passeport et billet d'avion à une jeune femme, avant de la dénoncer à la police

Ana* n'était pas venue en Suisse pour grossir les rangs des victimes d'employeurs peu scrupuleux, mais pour travailler en toute légalité. Pourtant, de ses trois mois passés dans une famille vaudoise de Préverenges, elle n'aura retiré qu'un salaire équivalent à 43 centimes de l'heure, des menaces et une dénonciation aux autorités. Une dénonciation provenant de ceux-là même qui l'ont engagée et ont confisqué son billet d'avion et son passeport.

Au chômage depuis la fin de ses études supérieures, cette timide Brésilienne de 23 ans a cru à sa chance quand elle a rencontré sa future employeuse. D'autant qu'une certaine confiance s'établit entre les deux femmes au cours de la première semaine qui suit l'engagement. Les termes du contrat conclus – oralement –, Ana est d'accord de quitter sa ville natale de Sao Sebastiado pour le canton de Vaud, et de prendre en charge les activités domestiques et la garde des deux enfants du couple. A peine installée à Préverenges, la jeune fille subit les premiers revers: les journées de travail se sont allongées pour atteindre les 14 heures, a-t-elle raconté aux gens qui l'ont recueillie.

A cette surcharge journalière, Ana doit par la suite vouer encore ses nuits de repos à la fille du couple, âgée de 2 ans. Aussi, quand elle apprend qu'elle ne devra pas seulement partager sa chambre de 14 m2 avec l'un des deux enfants, mais aussi avec la fillette, elle décide de tout quitter. Dans sa fuite, la jeune Brésilienne abandonne les derniers effets personnels. Si, quelques jours plus tard, elle est parvenue à récupérer ses vêtements grâce à l'appui de ses proches, Ana ne retrouve cependant pas son passeport, ni son billet d'avion. «Et encore moins l'argent que cette famille lui a promis: alors que le contrat prévoyait un salaire mensuel de 700 francs, elle n'en aura touché que 200.»

«Le cas d'Ana est une nouvelle preuve de la nécessité de modifier le contrat-type dans la législation vaudoise, un contrat-type qui ne prévoit pas de salaire minimum, explique Philippe Sauvin, du Syndicat SIB. Dans le canton, le salaire d'une femme de ménage se situe entre 15 et 17 francs de l'heure.» «Ce qui signifie que la jeune brésilienne devrait encore recevoir de ses anciens employeurs un solde de près de 4000 francs», selon ses proches, qui ont décidé de saisir la justice. Mais, apeurée à l'idée d'aller en prison, la jeune Ana n'est pas décidée à se présenter devant les juges. Elle préfère attendre en silence son expulsion de la Suisse.

«Risquant dans le pire des cas une amende de 100 ou 200 francs», le couple de Préverenges a de son côté menacé les proches d'Ana de saisir aussi la justice, si ces derniers portaient atteinte à leur honneur et à leur dignité. Eric Loup

*Prénom fictif