A cette surcharge journalière, Ana doit par la suite vouer encore ses nuits de repos à la fille du couple, âgée de 2 ans. Aussi, quand elle apprend qu'elle ne devra pas seulement partager sa chambre de 14 m2 avec l'un des deux enfants, mais aussi avec la fillette, elle décide de tout quitter. Dans sa fuite, la jeune Brésilienne abandonne les derniers effets personnels. Si, quelques jours plus tard, elle est parvenue à récupérer ses vêtements grâce à l'appui de ses proches, Ana ne retrouve cependant pas son passeport, ni son billet d'avion. «Et encore moins l'argent que cette famille lui a promis: alors que le contrat prévoyait un salaire mensuel de 700 francs, elle n'en aura touché que 200.»
«Le cas d'Ana est une nouvelle preuve de la nécessité de modifier le contrat-type dans la législation vaudoise, un contrat-type qui ne prévoit pas de salaire minimum, explique Philippe Sauvin, du Syndicat SIB. Dans le canton, le salaire d'une femme de ménage se situe entre 15 et 17 francs de l'heure.» «Ce qui signifie que la jeune brésilienne devrait encore recevoir de ses anciens employeurs un solde de près de 4000 francs», selon ses proches, qui ont décidé de saisir la justice. Mais, apeurée à l'idée d'aller en prison, la jeune Ana n'est pas décidée à se présenter devant les juges. Elle préfère attendre en silence son expulsion de la Suisse.
«Risquant dans le pire des cas une amende de 100 ou 200 francs», le couple de Préverenges a de son côté menacé les proches d'Ana de saisir aussi la justice, si ces derniers portaient atteinte à leur honneur et à leur dignité. Eric Loup
*Prénom fictif