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Les enseignants valaisans unis derrière Enbiro

La Société pédagogique cantonale demande à l'évêché et à l'Etat de ne pas céder aux protestations de l'UDC

«Le fait pour le Valais d'être une terre chrétienne doit justement inciter ses autorités et les enseignants à dispenser à l'école un enseignement visant à l'acquisition des connaissances dans un esprit de tolérance, de respect et d'ouverture.» Les enseignants valaisans, par cette déclaration votée à l'unanimité moins une abstention lors de la réunion de leur société pédagogique (SPval), interviennent dans le débat «Enbiro».

Neutralité confessionnelle

Rappel: cette collection de manuels de religion avait provoqué l'ire de l'UDC et d'une «faible proportion de parents nostalgiques du catéchisme à l'école», qui jugeaient notamment trop belle la part qui y serait faite à l'islam, et fustigeaient la neutralité confessionnelle du tout.

Emmenés par le conseiller national UDC Oskar Freysinger, les opposants à Enbiro ont déposé une pétition auprès du Conseil d'Etat, munie de plus de 2000 signatures et demandant le retrait de l'ouvrage. Face à cette levée de saints boucliers, autant l'évêché que le Service cantonal de l'enseignement ont décidé de lâcher un peu de lest: l'Eglise en demandant «une évaluation théologique du manuel»; l'Etat en envoyant un «questionnaire d'évaluation» à tous les utilisateurs d'Enbiro.

Les enseignants, eux, demandent aux autorités ecclésiastiques et politiques de «confirmer les décisions qu'elles ont prises antérieurement»: «Enbiro est d'abord un outil qui répond en grande partie aux besoins fixés par les Eglises, le canton et les enseignants après des années de réflexion. C'est d'ailleurs l'évêché qui le premier, par Mgr Schwery en 1991, avait affirmé que l'enseignement religieux devait être plutôt du ressort de la famille et de l'Eglise que de l'école», explique le président de la SPval, Jean-Claude Savoy. Lequel se souvient que les enseignants ont éprouvé les limites de l'enseignement religieux à l'école, «d'abord face à des élèves catholiques, dont les pratiques et les connaissances religieuses étaient très aléatoires, plutôt qu'avec des élèves musulmans».

«Nous ne contestons pas le multiculturalisme, explique de son côté Oskar Freysinger, mais le fait que ce livre soit politiquement dirigé. On veut y faire passer par exemple les thèses du rapport Bergier. Nos enfants ont besoin d'un éveil religieux, mais pas comme ça. Le niveau de Enbiro, c'est le bas du panier, de l'idiotie profonde, comme si on prenait nos enfants pour des c… On aurait pu faire mieux en posant des questions fondamentales, comme la primauté du spirituel sur le matériel. Or, le chapitre sur le Christ ressemble à un guide de voyage de la Palestine.»

Un christianisme d'ouverture

A quoi Jean-Claude Savoy rétorque «qu'il y a chez les opposants à Enbiro une méconnaissance de ce qu'est un enfant de 9 ans, et un grand mépris pour les enseignants. Dans cette polémique, on fait comme si l'information passait directement de l'ouvrage dans la tête de l'élève. Alors que nous pouvons expliquer devant nos classes pourquoi le Christ est plus important, pour nous catholiques, que ce qui en est dit dans ce manuel. Mais dans notre optique, être chrétien, c'est aussi avoir un devoir d'ouverture.»