Thierry Vidonne passe ses vacances dans le Finistère. C’est depuis la fin de la terre que le président du Parti bourgeois-démocratique de Genève (également appelé Parti citoyen démocratique de Genève) espère enfin attirer l’attention des citoyens genevois à l’occasion des élections fédérales du 20 octobre. Sa formation a en effet accepté de s’apparenter à la liste constituée par l’ancien député MCG et conseiller administratif d’Onex Eric Stauffer et Pascal Spühler, ancien député et conseiller municipal.

«Depuis la création de notre section en 2013, nous ne sommes pas audibles, regrette Thierry Vidonne. Nos communiqués ne sont pas repris, nous ne sommes pas reçus, nous ne sommes pas écoutés. Nous ne nous en plaignons pas: c’est réservé aux partis qui ont des élus. S’apparenter à Eric Stauffer, pour le PBD genevois, c’est une tentative de progresser. Nous avions besoin d’une tête de gondole, nous nous la sommes payée. Au moins, on parlera de nous.» On a connu annonce de partenariat plus enthousiaste.

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Treizième et dernière formation

Il faut dire que les derniers résultats du PBD genevois ont de quoi décourager les plus motivés des candidats. En 2015, pour les fédérales, il recueillait 1,03% des suffrages. Aux élections pour le Grand Conseil genevois du printemps 2018, le score passait à 0,52% des voix, faisant de la liste «PBD Genève – le juste milieu» la moins bien classée des 13 ayant présenté des candidats. Genève en marche, l’éphémère véhicule électoral d’Eric Stauffer, avec tout de même 4,1%, échouait lui aussi à atteindre le quorum lors de cette même élection.

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«Nous avons d’abord eu des contacts avec Pascal Spühler et sa formation du Parti populaire genevois, reprend Thierry Vidonne. Je voulais les inciter à nous rejoindre. Plus tard, un collègue du PBD Valais m’a téléphoné en me disant qu’il élaborait une liste avec Eric Stauffer pour laquelle la candidature de Yannick Buttet [ancien conseiller national PDC valaisan] avait aussi été évoquée. La liste ne s’est finalement pas faite, notamment parce que le nom de Buttet n’a pas recueilli l’aval de la direction à Berne. Lorsque nous avons repris les contacts avec le Parti populaire, Stauffer a fait son entrée dans les discussions.» Le président dit avoir posé plusieurs conditions à l’apparentement avec l’ex-tribun genevois, exilé en Valais depuis son échec électoral: adhérer au PBD national, ne pas figurer sur la liste principale, ne pas briguer le Conseil des Etats et «modérer sa rhétorique sur les frontaliers». Ce pari a eu une première conséquence: le PBD genevois n’est plus apparenté aux autres micro-formations du centre que sont les Vert’libéraux, le Parti évangélique, l’indépendant Guy Mettan et Fédéraction (regroupement d’associations).

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Le MCG reste serein

Dans une interview à la Tribune de Genève par laquelle il a confirmé sa candidature, Eric Stauffer n’a pas caché que son but n’était pas uniquement de siéger à Berne. «Mon objectif genevois est de reprendre le MCG», avoue celui qui a mené cette formation au firmament de la politique cantonale avant de devoir la quitter avec pertes et fracas, faute d’avoir réussi à y maintenir un semblant d’unité. Aux dernières élections cantonales, le MCG a perdu la moitié de ses députés. Avec 11 sièges, il reste cependant dans la situation de pouvoir faire ou défaire des majorités. Par ailleurs, plusieurs de ses membres ont contesté devant les tribunaux les résultats des dernières élections internes concernant notamment la présidence.

Conseiller national MCG, Roger Golay se dit «serein» après l’annonce du retour de son ex-compagnon de route: «Il n’a pas atteint le quorum au Grand Conseil, comment va-t-il l’atteindre au Conseil national? Ce qu’il veut, c’est affaiblir le MCG pour pouvoir dire qu’il revient en messie. C’est une drôle de stratégie que de vouloir nuire au parti que l’on dit vouloir sauver. Je pense que ce retour serait très difficile: très peu d’élus MCG le désirent. Personnellement, au vu de l’amitié qui nous a liés, je ne me suis jamais permis de le critiquer publiquement. Mais son attitude depuis son départ en Valais n’est pas du tout sérieuse. Pour les fédérales, je reste très confiant. Le MCG vise deux sièges et nous avons de bonnes chances de les remporter.»

Dans son interview, Eric Stauffer envoie également une pique à l'UDC genevoise dont il vise apparemment l'électorat. Conseillère nationale UDC, Céline Amaudruz lui répond: «Nous ne l'avions pas pris au sein de l'UDC genevoise lorsqu'il s'était présenté à nous. Idem pour l'UDC valaisanne. Il joue sa crédibilité avec ce retour en politique. La population genevoise jugera s'il avait raison de se présenter, ce que tout un chacun reste libre de faire.»

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Faute de s’être entendu avec le PDC valaisan qu'il a également tenté de rejoindre, Eric Stauffer revient donc, politiquement parlant, dans son canton d’origine pour relancer sa carrière. S’il est élu, il promet de se domicilier à Genève dans les douze mois.