A la veille de son introduction en Valais, le 1er septembre, le dossier électronique du patient ne remplirait pas tous les critères pour garantir la sécurité des données personnelles des utilisateurs. Les doutes émis par Sébastien Fanti, le préposé valaisan à la protection des données, à la suite des enquêtes menées par le Parti pirate suisse, ont été entendus. La ministre en charge de la Santé, Esther Waeber-Kalbermatten, suspend l’introduction d’Infomed jusqu’au résultat des audits externes. Ils seront conduits par Dominique Vidal, expert en sécurité informatique et fondateur de SecuLabs.

Le Parti pirate, qui milite entre autres pour la transparence numérique et les libertés individuelles sur Internet, a obtenu, avec de «simples outils accessibles au grand public, une série d’informations permettant de mettre en évidence de graves dysfonctionnements en matière de sécurité informatique» autour des plateformes valaisannes et genevoises.

Les tests effectués ont révélé qu’Infomed croise des informations avec le moteur de recherche Google et porte atteinte à la sphère privée, la plateforme utilisant Google Analytics sur sa page d’accueil. Les tests pointent aussi l’absence de conditions générales d’utilisation qui informent le patient sur la manière de gérer ses données personnelles et de les effacer.

Après avoir constaté vendredi dernier divers «singularismes en termes de sécurité informatique»,, Sébastien Fanti n’avait pas caché sa stupéfaction. Après avoir fait appel à des experts, ses doutes ont été confortés durant le week-end, au terme d’analyses élémentaires mettant en exergue une «lancinante vacuité dans l’analyse du risque».

Dans son collimateur, Alex Gnaegi, chef du projet Infomed, qui a tenu jeudi dernier une conférence de presse pour annoncer l’introduction du projet le 1er septembre. «Je l’ai appris dans un communiqué», précise le préposé valaisan, qui a ouvert le jour même une procédure. «Je lui ai fait part de ma surprise, qui est allée grandissante ces derniers jours. Je suis donc intervenu. Avec la Commission de protection des données, nous étions d’avis que le projet devait être suspendu, le temps de conduire les audits et les examens de conformité nécessaires.»

Un projet à 4 millions

Après Genève, le Valais devait être le deuxième canton à mettre en place le projet Infomed. Le dossier électronique rassemble des informations médicales du patient. Complété par les professionnels de santé à chaque consultation, il vise à limiter les erreurs médicales et la multiplication des examens et des prescriptions.

Les médecins en cabinet et les hôpitaux devaient être les premiers à participer à Infomed. Dans un deuxième temps, la plateforme intégrerait les établissements et centres médicosociaux, les pharmaciens, les physiothérapeutes et les laboratoires. Les acteurs de la santé devaient participer de façon volontaire, sauf les établissements subventionnés, pour qui la participation serait obligatoire.

La mise en place du dossier électronique du patient est voulue par la Confédération. A la fin du mois de juillet 2015, 110 médecins participaient à la phase pilote. Plus de 40 000 documents étaient déjà disponibles. Les investissements initiaux se montent à 4 millions de francs pris en charge par le canton, et les coûts de fonctionnement sont estimés à 900 000 francs pour 2016. Mehdi Atmani

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