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Les étudiants pourront partir, ou venir en Suisse: le Conseil fédéral a adopté le programme de remplacement à Erasmus. Dans les universités, les responsables doivent parfois se livrer à une gymnastique administrative
Les étudiants pourront partir vers une université européenne, ou venir en Suisse, à la prochaine rentrée académique de septembre. Le Conseil fédéral a adopté mercredi les mesures transitoires pour pallier l’absence de participation complète de la Suisse au programme Erasmus+. Ces dispositions permettront aux étudiants des universités suisses de partir, et aux universités suisses d’avoir des bourses pour les étudiants étrangers voulant venir séjourner un semestre ou un an. Le Conseil fédéral alloue 22,7 millions de francs pour ce système de remplacement, soit la part prévue de la contribution suisse pour Erasmus cette année.
L’UE a gelé les discussions sur la participation de la Suisse au programme en raison du blocage sur la libre circulation avec la Croatie. De plus, les exigences financières de l’UE, à la hausse, donneront encore lieu à plusieurs discussions. En attendant, la frayeur a été grande dans les universités, car certaines institutions européennes, dans le doute à propos des bourses, commençaient à décourager leurs ouailles de venir en Suisse. Quelque 3900 étudiants viennent en Suisse chaque année sous la bannière d’Erasmus. 2600 Suisses vont en Europe, avant tout en Allemagne.
Propriété intellectuelle
La décision de mercredi place clairement la mobilité en tête des priorités, avec 89% des moyens, c’est-à-dire, pour l’essentiel, en faveur des bourses d’études. Les autres volets d’Erasmus, divers projets de collaboration entre universités et réseaux d’écoles, passeront au deuxième plan ou seront abandonnés temporairement.
Dans les académies, les responsables de la mobilité, qui s’étaient concertés en se réunissant en urgence le 3 mars dernier, s’étaient faits à l’idée d’un retour à l’ancien régime. La Suisse n’est entrée de plein droit dans Erasmus qu’en 2011; auparavant, elle y participait de manière parallèle, avec ses propres budgets, ce qui sera à nouveau le cas cette année. Avec des conséquences parfois cocasses: puisqu’«Erasmus» est protégé au titre de la propriété intellectuelle, les Suisses n’ont plus le droit d’utiliser le terme. Il faut donc refaire tous les formulaires, ou caviarder au gros stylo noir le logo européen et le nom de l’illustre penseur…
L’annonce plutôt rapide de ces mesures transitoires, faite le 7 mars dans les grandes lignes, a rassuré les responsables des hautes écoles. Ceux-ci estiment que tous les étudiants suisses qui veulent effectuer un séjour en mobilité pourront le faire. Puisque la Suisse retirait un peu moins d’argent du budget commun d’Erasmus qu’elle n’en versait, il ne devrait pas y avoir de carence. Une petite inconnue subsiste, à savoir s’il y aura une baisse des arrivées d’Européens.
Au reste, le gouvernement a aussi approuvé mercredi un mandat de négociation pour le programme «Culture» de l’UE, qui est rattaché à l’ancien «Media», le soutien au cinéma, lui aussi bloqué. Par contre, l’incertitude demeure grande concernant les projets de recherche. Le Fonds national a mis sur pied un système parallèle pour les bourses destinées aux chercheurs (LT du 12.04.2014) mais, s’agissant des grands projets réunissant plusieurs équipes européennes, les scientifiques basés en Suisse restent dans le brouillard.