Covid-19
Berne commence à se fâcher concernant l’organisation de la vaccination dans les cantons. Les plus lents pourraient être sanctionnés

Il est en train de se préparer un petit match à somme nulle au sujet des vaccins entre les cantons et la Confédération. Un peu à la manière dont les mêmes se renvoient la responsabilité de payer les indemnisations des entreprises en difficulté, ils recommencent au sujet des vaccins: la Confédération juge que certains cantons vaccinent beaucoup trop lentement, tandis que les cantons estiment adapter cette vitesse au nombre de doses qu’ils reçoivent.
La Confédération doit-elle dès lors imposer des règles de vitesse de vaccination? Le débat est lancé à la suite d’un article paru dans la NZZ am Sonntag révélant que les cantons qui tardent à vacciner pourraient bientôt manquer de sérum.
En Suisse, 66 000 doses ont été administrées, a déclaré Nora Kronig, directrice adjointe de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), lors d’une conférence de presse jeudi. Cela signifie que seulement 15% du sérum disponible a été utilisé. Le gouvernement fédéral a reçu 433 000 doses des fabricants Pfizer/BioNTech et de Moderna. La prochaine livraison arrivera lundi, de sorte qu’un demi-million de doses seront prêtes d’ici à la fin du mois de janvier.
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Vaud et Valais, mauvais élèves
Vaud et le Valais en particulier, mais aussi Bâle-Campagne, sont en retard dans la campagne de vaccination. Les trois cantons n’ont utilisé qu’un quart des vaccins que leur pharmacie cantonale a en stock. La Confédération, mécontente, envisage maintenant d’ajuster la clé de répartition et de donner la préférence aux cantons ayant une structure de prestation bien établie instaurant de fait une concurrence intercantonale. Le gouvernement fédéral entend surveiller la situation jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
Jusqu’à présent, l’OFSP allouait le vaccin en fonction du nombre de patients à risque. Dorénavant, les cantons lents repartiraient les mains vides: si un canton vaccine moins de la moitié du sérum, il n’en recevra pas plus. En revanche, ceux qui auraient épuisé les doses rapidement en recevraient davantage.
«La Confédération comptabilisera 550 000 doses lundi, on n’en a pas encore utilisé 100 000» Philippe Nantermod
Face aux attaques, la cheffe de la santé valaisanne, Esther Waeber-Kalbermatten, répond que sa réserve pour la deuxième vaccination est tout à fait appropriée. «L’OFSP recommande de conserver 50% des doses pour la deuxième vaccination. Afin de vacciner le plus grand nombre de personnes possible, nous avons décidé de libérer 70% des doses reçues pour la vaccination et de n’en conserver que 30%. Dès la semaine prochaine, l’hôpital puis, une semaine plus tard, les maisons de retraite pourront déjà commencer avec la deuxième vaccination. Nous vaccinons au rythme des doses de vaccin que nous recevons de la part de la Confédération.»
«La planification vaudoise n’essuie pas de retards»
De son côté le Département vaudois de la santé s’étonne des menaces de l’OFSP. «S’il fallait distribuer des mauvais points, cet office, censé accompagner les cantons, pourrait sans doute en essuyer quelques-uns. Nous restons concentrés sur notre objectif et requérons de l’OFSP une aide efficace en lieu et place de critiques infondées», déclare-t-il.
Depuis le 11 janvier, les 5500 vaccinations que le canton avait prévu d’effectuer ont bien été réalisées, annonce-t-il. «Nous n’avons donc pas de retard par rapport à la planification prévue et annoncée pour cette semaine. Nous avons toujours dit que notre dispositif était conçu pour monter en puissance. Ainsi, les équipes mobiles dans les EMS passeront de quatre à huit, et deux nouveaux centres (Rennaz et HIB) ouvrent le 25 janvier. La cadence de vaccination va donc augmenter substantiellement très rapidement. Notre objectif est et a toujours été de vacciner 100 000 personnes vulnérables sur les 120 000 que compte le canton d’ici à fin février.»
Le Département décrète par ailleurs qu’il n’y a aucun sens à comparer les doses administrées et les doses en stock sur cinq jours: «Lorsque le dispositif sera à pleine puissance, autour de fin janvier, alors le nombre de vaccins administrés dépendra bel et bien du nombre de vaccins livrés par l’OFSP. La vitesse de la campagne de vaccination dépend donc en effet des doses qui seront livrées au cours des mois à venir.»
Reste que dimanche après-midi, sur le site coronavax de prise de rendez-vous, le canton de Vaud signalait l'absence de plages disponibles pour le moment. «Les cantons sont tributaires du nombre de vaccins mis à leur disposition par la Confédération»: le canton de Vaud semblait donc sous entendre qu'il n'avait plus de doses à disposition.
Le conseiller national PLR valaisan Philippe Nantermod n’hésite pas à pointer du doigt les autorités depuis le début sur la lenteur des vaccinations. Il juge aujourd’hui que c’est à la Confédération de reprendre la main. «Nous ne sommes pas là pour faire des essais. Chaque semaine de perdue ajoute 500 morts à son comptage, et des sinistres économiques effrayants. La Confédération comptabilisera 550 000 doses lundi, on n’en a pas encore utilisé 100 000. De plus, les cantons sont incapables de fournir quotidiennement les statistiques de leurs vaccinations. Ça suffit, la Confédération doit ouvrir des centres et centraliser l’organisation des vaccinations.»
A ce propos: Des premiers chiffres sur l’avancée de la vaccination dans les cantons romands