Ce n’est plus une crise, c’est une guerre ouverte que se livrent dorénavant la société Migros et le président de sa coopérative régionale Neuchâtel-Fribourg (MNF), Damien Piller, soupçonné d’enrichissement personnel. Un conflit sans précédent pour cette société peu habituée à laver son linge sale en publique, qui se joue à coups de plaintes pénales (un total de sept ont été déposées à ce jour) et de communiqués de presse.

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Ce lundi, nouvel épisode: l’homme d’affaires fribourgeois est remonté une nouvelle fois au front, convoquant les médias pour clamer son innocence. Et ceci à moins de deux semaines d’une échéance majeure. Dans une démarche inédite, les 124 000 coopérateurs de la MNF sont appelés à se prononcer, jusqu’au 16 novembre, sur la récusation avec effet immédiat de Damien Piller et de l’Administration (l’équivalent du conseil d’administration dans la structure Migros) restée fidèle à son président, en poste depuis 23 ans.

Visé par des plaines pénales

Pour rappel, le Fribourgeois est visé par deux plaintes pénales déposées en juillet, la première par la centrale à Zurich, la Fédération des coopératives Migros (FCM), la seconde par sa propre direction régionale de la MNF. L’homme est soupçonné d’avoir détourné 1,6 million de francs dans le cadre de deux projets de construction de magasins, via deux factures de 800 000 francs versées par la Migros à deux sociétés détenues (ou en passe de l’être) par l’homme d’affaires. Une somme pour laquelle «aucune contre-prestation équivalente n’a pu être établie», insistait encore ce lundi la direction du Géant orange dans un communiqué.

Des accusations que Damien Piller a donc rejetées vigoureusement ce lundi. Devant la presse, il a présenté le résultat de deux audits «neutres», commandités et financés par lui-même, qui conclut notamment que «les comptes ont été parfaitement tenus» et que les deux factures de 800 000 francs «ont fait l’objet de contreprestations concrètes». Le promoteur a ensuite détaillé les travaux d’infrastructures réalisés (parking, quai de chargement, plateforme, vitrines, portes d’accès, terrassements, etc.). Des explications complexes qui arrivent tard de la part de Damien Piller, interpellé la première fois sur ces transactions douteuses en décembre 2018.

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Aujourd’hui, la situation est dans l’impasse. La crise s’envenime. La Migros a ainsi dénoncé l’occupation sauvage de ses magasins d’Avry (FR) et de Marin (NE), samedi dernier, par un groupe qui se dit «indépendant», distribuant des tracts et posant une banderole en soutien à Damien Piller. L’entreprise envisage des suites juridiques à l’incident. La votation générale extraordinaire du 16 novembre s’annonce donc sous haute tension.

Scrutin remis en cause

Et comme rien n’est simple dans cette affaire, la radio neuchâteloise RTN révélait ce lundi que la scrutin, pourtant organisé par une fiduciaire indépendante et contrôlé par un notaire, pourrait être invalidé. En cause, l’absence d’enveloppe et de carte de légitimation dans les bulletins reçus par les coopérateurs. A l’issue du vote, un recours est donc fort probable.

Reste que l’échéance la plus importante pour Damien Piller sera le 19 novembre. A cette date, il est convoqué pour être entendu par la brigade financière de la police cantonale fribourgeoise.