Face au virus, l'exercice de funambule des cantons
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Ce mercredi, le conseiller fédéral Alain Berset a rencontré les membres de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé dans le but d'harmoniser les pratiques concernant les manifestations de moins de 1000 personnes

A la suite d’une séance de plus de deux heures ce mercredi soir au Bernerhof, à Berne, la Confédération et les cantons ont tenté d’harmoniser les pratiques pour les manifestations de moins de 1000 personnes afin d’empêcher une propagation rapide du coronavirus. Ils ont fixé une valeur indicative de 150 personnes. En dessous, les organisateurs restent libres de maintenir ou non leur événement. Au-dessus, en revanche, ils doivent consulter les cantons qui, en pratique, prendront la décision finale.
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Pas de directives contraignantes
En prenant la décision, vendredi 28 février, d’interdire toutes les manifestations de plus de 1000 personnes, le Conseil fédéral a pris ses responsabilités, même s’il l’a fait en étroite collaboration avec les cantons. En revanche, il a ouvert la voie à un certain chaos concernant tous les événements de moins de 1000 personnes. En effet, chaque canton s’est mis à adopter ses propres pratiques. Parmi les plus stricts, Berne a sommé tous les organisateurs de prendre l’identité de chaque participant présent, de manière à ce qu’ils puissent prouver par la suite que personne ne venait d’une zone à risque. Dans le canton des Grisons, la capitale, Coire, a banni toutes les manifestations de plus de 50 personnes. En revanche, Zurich a choisi de rester très souple et n’a donné aucune directive.
En amont de la séance, l’OFSP a rédigé un document qui a fait l’objet d’une procédure de consultation. Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur, Alain Berset, a rencontré le comité directeur de la Conférence des directeurs de la santé (CDS), présidée par Heidi Hanselmann (SG). Celle-ci n’a pas caché la difficulté d’harmoniser les pratiques cantonales. «C’est un exercice de funambule», a-t-elle avoué.
Pour l’instant, il n’est pas question d’une nouvelle ordonnance qui serait contraignante. L’OFSP a donc proposé une «valeur indicative» de 150 personnes, entérinée par les cantons. Jusqu’à ce seuil, les organisateurs restent maîtres de leur événement. On admet en effet qu’ils parviennent à conserver un aperçu des participants et des risques encourus, cela en consentant à un effort qui reste «raisonnable». Au-dessus de 150 personnes, ce sont les cantons qui prendront la main.
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Personnes à risque, s’abstenir
Quoi qu’il en soit, pour toutes les manifestations de moins de 1000 personnes, des dispositions s’imposeront. Devront s’abstenir d’y participer toutes les personnes à risque, soit celles âgées de plus de 65 ans et en particulier celles souffrant de maladies cardiovasculaires ou de maladies respiratoires chroniques. Sur place, les participants devront en outre recevoir des informations sur l’hygiène des mains et la distance entre les personnes, notamment.
Pour les cantons, il restait encore à définir ce qu’est concrètement une manifestation. Sont considérés comme tels les concerts, congrès, représentations théâtrales, séances de cinéma, fêtes de village et assemblées générales. En revanche, les écoles, lieux de travail, transports publics, centres commerciaux et bains publics ne sont pas concernés.
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