A Crans-Montana, on a placardé sur le panneau de présentation d’un hameau de résidences secondaires en rouge et en grand: «Merci Weber, de ne pas nous laisser offrir 250 emplois pendant cinq ans!». Mais pendant que les promoteurs râlent, les responsables politiques des six communes de la station ont signé une politique touristique commune qui prend résolument acte de la fin du marché de la résidence secondaire.

Cette charte signée il y a quelques jours prévoit un développement durable dans le respect de l’environnement. Des infrastructures performantes. Plus de sécurité. Une hôtellerie de qualité alors qu’il a fallu récemment poser un moratoire sur la transformation des hôtels en résidences secondaires tant ce secteur est à la peine. Une amélioration des transports publics et de la circulation dans la station. De plus grands moyens promotionnels… Le papier énumère 40 objectifs et quatre à cinq mesures concrètes pour chacun d’eux. Opération de communication ou véritable volonté politique au lendemain de l’initiative Weber? Jean-Claude Savoy, président de l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM), répète presque comme une profession de foi que l’avenir économique de la région réside dans le tourisme. Et plus dans la construction.

Le Temps: Cette nouvelle politique touristique a-t-elle un lien avec l’entrée en vigueur de la Lex Weber?

Jean-Claude Savoy: Pas directement puisque cela a été décidé avant la votation. Après le refus par le peuple de la loi cantonale sur le tourisme en 2007, nous avons décidé que la définition de tels objectifs était une obligation des communes plutôt que des organisations touristiques. Mais cette politique est d’autant plus importante avec l’entrée en vigueur de la Lex Weber. La construction a amené beaucoup de richesses dans nos régions et l’on n’avait pas forcément envie de développer autre chose. Aujourd’hui, nous disons solennellement que l’avenir c’est le tourisme, comme cela aurait peut-être toujours dû l’être. En ce sens, nous faisons de l’initiative Weber une opportunité.

– Vos objectifs sont très nombreux et paraissent, du coup, peu réalistes. Notamment financièrement…

– Ils le sont pourtant. Il y a des objectifs qui ne coûtent rien. Par exemple, le plus important à mes yeux est d’augmenter la conscience touristique des acteurs et habitants de la station. Cela ne coûte rien mais demande simplement qu’il y ait une volonté d’accueillir le visiteur. D’autres projets sont déjà en cours de réalisation et leur financement est en partie assuré par l’ACCM. Cette dernière dispose de plus de 4 millions pour le soutien aux événements, de 3 millions pour le fonctionnement des infrastructures communales. Ces chiffres ne comprennent pas les budgets d’investissement décidés d’année en année. Pour les quatre prochaines années, elle investira 48 millions dans son futur parc aquatique. La rénovation du parc hôtelier va coûter 100 millions dans les vingt prochaines années, soit 5 millions par année. Nous venons de décider d’une taxe sur les résidences secondaires non louées. Celle-ci servira aux rénovations comme participation à fonds perdu en échange de la garantie d’exploiter pendant les quinze ou vingt années suivantes. Cette loi doit encore être approuvée par les assemblées primaires des six communes. Nous espérons une entrée en vigueur d’ici à 2014, au moment de la fin du moratoire sur la transformation des hôtels en résidences secondaires.

– Existe-t-il un calendrier pour réaliser les objectifs de la politique touristique?

– Le plan quadriennal va être décidé en même temps que les financements et la répartition des responsabilités.