En effet, il s’agissait bel et bien de viande des Grisons, annonce l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Les douanes allemandes avaient pourtant spécialement ordonné des analyses en laboratoire et constaté sans équivoque qu’il manquait une des composantes essentielles de la viande des Grisons: une légère moisissure noble.

«Sans cette spécificité du produit, il ne s’agit que de viande séchée. Comme cette dernière n’est pas exempte de taxes, il faudra payer 250’000 euros (300’000 francs) de frais de douane», avaient annoncé les autorités douanières de Singen vendredi dernier.

La Suisse est d’un autre avis. Sur sa page internet, l’OFAG prend position sur l’affaire relayée par les médias. Il écrit que la moisissure noble se forme pendant la maturation, mais qu’elle doit être obligatoirement enlevée avant l’emballage. Pour des raisons d’hygiène, il est impossible de conditionner la viande des Grisons sans prélever d’abord la moisissure. Sinon, elle se mettrait à pourrir immédiatement.

Ordonnance européenne

L’OFAG s’est adressé à la Commission européenne à Bruxelles il y a plusieurs semaines. Celle-ci lui a confirmé par écrit que son interprétation était correcte. La Commission a ordonné aux autorités allemandes de revenir sur sa pratique et d’autoriser l’importation de viande des Grisons, à l’instar des autres pays de l’Union européenne, au tarif zéro dans le cadre des contingents.

Les exigences financières allemandes devraient ainsi être caduques, estime l’OFAG. De plus, la Commission européenne a confirmé que c’est bien l’autorité d’établissement, soit le Service de la sécurité alimentaire du canton des Grisons, qui est responsable de la définition du produit et non la douane allemande.

«Il faudra probablement plusieurs jours pour que tous les postes de douane allemands soient informés», conclut l’OFAG. L’office de Singen en tout cas a été mis au courant: la Direction des finances du sud-ouest allemand a confirmé à l’ats qu’une directive a été reçue en ce sens par le Ministère des finances.

L’entreprise suisse était soupçonnée de s’être livrée au trafic de fausse viande des Grisons sur plusieurs mois. Les 42 tonnes suspectées ont une valeur marchande de 880’000 euros, soit plus d’un million de francs.