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«Il faut rendre le système plus lisible»

Les primes sont fixées de façon trop opaque, estime Alberto Holly, professeur à l'Institut d'économie et management de la santé de l'Université de Lausanne.

Le Temps: La loi suisse exige-t-elle des caisses un pourcentage de réserves trop élevé?

Alberto Holly: Il est en tout cas très élevé. Les réserves ont pour but de garantir la situation financière de la caisse maladie pour le cas où les coûts effectifs s'avéreraient trop défavorables par rapport aux prévisions. Il s'agit surtout de faire face à des risques extrêmes qui ont peu de chances de se produire et qu'on pourrait prendre en compte d'une autre manière. Ces montants sont souvent placés sur les marchés financiers, ce qui n'est pas leur vocation première. Il y a quelques années, les assurés ont dû contribuer, par leurs primes, à essuyer les pertes financières de certaines caisses.

– Il y a donc là une marge de manœuvre pour maîtriser les coûts?

– Je dirais plutôt qu'il faut rendre le système plus lisible. En plus des réserves, les caisses sont aussi tenues de constituer des provisions, notamment en vue du système de compensation des risques. En soi, c'est légitime, mais le résultat est problématique: pour une hausse d'un franc des coûts de la santé, on voit les primes augmenter de 1,6 franc. C'est beaucoup et il n'est pas toujours possible d'apprécier la justification de ces marges. Nous connaissons en Suisse une situation paradoxale: l'Office fédéral de la santé publique peut surveiller les comptes des caisses au centime près mais il ne dispose pas des instruments qui lui permettraient de jouer un vrai rôle régulateur.

– Comment améliorer le système?

– On pourrait diminuer le rôle des facteurs autres que les prévisions de coût des prestations. La diminution des réserves légales est à envisager sérieusement. Le remplacement du système rétrospectif de compensation des risques par un système prospectif, que j'ai proposé par ailleurs, éliminerait les incertitudes auxquelles les assureurs sont confrontés par rapport à leurs risques futurs. Ces incertitudes jouent un rôle non négligeable dans une augmentation exagérée des primes.