Faut-il rentrer les poules?
Grippe aviaire
Après le lac de Constance, l'épizootie a débarqué sur les bords du Léman. Les mesures de prévention ont été renforcées, mais le virus n'est pas dangereux pour l'homme

Après le lac de Constance, le virus au nom d'oiseau a frappé les bords du Léman. Le H5N8, un sous-type de la grippe aviaire, a fait ses deux premières victimes jeudi, au port de Vidy à Lausanne: un fuligule morillon, genre d'oiseau d'eau migrateur qu'on trouve en Pologne ou en Russie, et une mouette rieuse, qui portait hélas bien mal son nom.
Après dix ans de silence, la grippe aviaire se rappelle au souvenir des Suisses, après que 200 oiseaux ont péri en Allemagne et qu'un élevage de dindes a été contaminé en Autriche. Faut-il dès lors rentrer les poules?
Mesures de prévention prises
L'Office fédéral des affaires vétérinaires (OSAV) a pris une première mesure sanitaire: délimiter un périmètre d'un kilomètre autour des lacs Léman, de Neuchâtel, de Bienne et de Morat, ainsi que les long des canaux de la Broye et de la Thielle. Dans ces zones, les éleveurs doivent empêcher que les oiseaux sauvages ne s'invitent dans les points d'alimentation et de breuvage, ou alors confiner leurs animaux. Car le virus se transmet par les fientes des oiseaux sauvages.
«Le paradoxe, c'est que les élevages de plein air respectueux des animaux n'ont souvent pas les infrastructures pour rentrer durablement leurs volailles», explique François Turrian, directeur romand de BirdLife. Il préconise aussi une autre mesure de prévention aux communes concernées: interdire de nourrir les canards et autres cygnes avec du pain sec, «ce qui favorise les regroupements, donc la propagation du virus. De plus, c'est mauvais pour eux.»
Pas transmissible à l'homme
Ce spécialiste rappelle que 500000 oiseaux d'eau sont abrités par les rivières et les lacs suisses: «Si l'hiver devait être rigoureux et qu'il gèle fortement au Nord de l'Europe, on pourrait s'attendre à de nombreuses arrivées.» Mais à ce stade, aucune raison de paniquer: le H5N8 n'est pas transmissible à l'homme. Si un promeneur venait à découvrir un oiseau mort, il faudrait simplement prévenir les autorités sanitaires. Et les éleveurs, signaler tout cas suspect.