Trois heures de débat. Mais l’affaire des fichiers pédophiles qui a mis sens dessus dessous la RSR entre 2007 et 2008 baigne toujours dans le mystère. L’audience d’aujourd’hui reprenait le procès en appel suspendu en mai de cette année afin de réaliser un complément d’enquête. Le jugement qui sera rendu le lundi 16 novembre dira si l’ancien cadre de la radio est coupable d’avoir téléchargés les images incriminées ou s’il est la victime d’un tiers inconnu.

Pour l’heure, l’incertitude domine. Et les expertises informatiques, largement mentionnées ce matin encore, ne résoudront pas l’énigme. L’accusation, représentée par le procureur général Eric Cottier en personne, qui a manifesté une certaine lassitude à l’égard d’une cause «banale» mais surmédiatisée, a beaucoup insisté sur les déclarations de l’inculpé recueillies au fil de l’enquête. Déclarations qui démontreraient que l’homme de 47 ans est bel et bien l’auteur des téléchargements fautifs. Voilà pourquoi il a requis la peine déjà pronconcée par le juge d’instruction de dix jours amendes avec sursis.

Absents aux dates des synchronisations La défense, menée par Me Alexandre Reil, s’est par contre appliquée à montrer que le prévenu était absent des bureaux de la RSR – il aurait été en train de conduire sa fille à l’internat qu’elle fréquentait à Pontarlier – ou occupé à de séances de travail lors des synchronisations informatiques litigieuses. Les images auraient été téléchargées à son insu. Images dont il ignorait en outre la teneur et qu’il affirme avoir visionnées pour la première fois lors de la procédure d’instruction en mai 2008. La femme et la fille de l’accusé sont venues témoigner en sa faveur. Suscitant les doutes du ministère public quant à leur véracité.

A la fin, l’ex-cadre de la RSR au chômage a clamé haut et fort son innocence, son honneteté et son horreur de la pédophilie. Si l’affaire est «banale», l’enjeu est de taille pour le prévenu. Il en va de son avenir, professionnel notamment. Puis il a évoqué une candidature mal vue à un poste de direction de la chaîne pour expliquer sa déchéance. Il ne sait pas qui lui en veut, mais il sait pourquoi a-t-il affirmée avec véhémence.

Des centaine d’images C’est en mai 2005 que Jorge Resende, un informaticien de la radio, découvre dans l’ordinateur d’un cadre des centaines d’images pornographiques dont certaines mettent en scène des jeunes filles. La hiérarchie, informée, désigne trois experts qui excluent le caractère pédophile des photos. Le cadre conserve son poste et il se soumet à un traitement thérapeutique.

Jorge Resende ébruite l’affaire en 2007. Il perd alors son poste. L’informaticien engage un bras de fer avec la direction de la chaîne à coup de grèves de la faim, sit-in, conférence de presse afin d’être réintégré à sa place. Sans succès.

Un rapport de l’ancien juge cantonal Jacques Reymond critique la gestion du cas par la RSR et par son directeur Gérard Tschopp. Le cadre est à son tour licencié.

Le juge d’instruction conclut que 13 images relèvent de la pédophilie. Il condamne l’ancien cadre à 10 jours amendes avec sursis. Un recours est alors déposé contre cette décision, ce qui a abouti au procès actuellement en cours.