Inquiets au début du mois de juillet, les jeunes socialistes fribourgeois se montrent désormais «très confiants». L’initiative cantonale sur latransparence du financement politique devrait rassembler les 6000 signatures nécessaires à son dépôt le 30 juillet prochain, dans une semaine. «C’est une course contre la montre, mais la machine tourne à plein régime. Les examens passés, les militants sont dans les rues, tant devant les piscines que devant les commerces, matin et soir. Nous devrions ainsi réussir à récolter les signatures qui nous manquent», espère Vincent von Siebenthal, le responsable de la campagne, lui-même sur le terrain tous les jours. A ce stade, 5500 paraphes ont été réunis.
Le texte demande une modification de la Constitution cantonale. Les partis et les groupements politiques, les comités de campagne, ainsi que les organisations prenant part à des campagnes électorales ou de votations devraient publier leurs comptes. Cela inclut les sources de financement des campagnes, ainsi que le budget total de celles-ci. L’identité des donateurs – personnes physiques et morales – devrait être dévoilée pour les montants dépassant 5000 francs. Par ailleurs, les membres élus des autorités cantonales devraient publier leur revenu.
«Nous sommes plutôt bien accueillis avec notre initiative, raconte Vincent von Siebenthal. Après discussion, nous arrivons à convaincre les gens, y compris au sein de l’électorat PDC ou UDC, qu’il est dans l’intérêt de la démocratie de pouvoir voter sur cette question. Seul l’électorat du PLR reste réfractaire et refuse de signer: il estime que le financement des campagnes relève de la sphère privée.» Ce clivage se retrouve sur le site des jeunes socialistes: ils ont demandé aux candidats en campagne pour les élections fédérales de dévoiler leur budget de campagnepersonnelle. Les socialistes, les Verts et les PDC ont répondu; les montants s’échelonnent entre 500 et 65 000 francs.
Voile opaque
En Suisse, le financement de la vie politique reste recouvert d’un voile opaque. Sur ce sujet, la Confédération a fait l’objet de critiques du Groupe d’Etats contre la corruption(Greco), créé par le Conseil de l’Europe. Depuis des années, diverses tentatives pour améliorer la transparence ont échoué, au niveau fédéral comme sur le plan cantonal, avec par exemple le refus d’une initiative de la Jeunesse socialiste argovienne l’année dernière ou le rejet d’une pétition des jeunes socialistes vaudois par le Grand Conseil fin mars.
Mais à l’orée des élections fédérales, les partisans de la transparence ne baissent pas les bras. En juin, devant les Chambres, le groupe des Verts est revenu à la charge: il a déposé unemotion qui demande au Conseil fédéral de présenter un projet de loi visant à faire la lumière sur le financement des campagnes et à rendre publics les dons des personnes physiques ou morales dès lors qu’ils dépassent un certain montant.